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Les facéties de Lucie
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2 septembre 2012

Karoo de Steve Tesich, mon pavé coup de coeur de l'été !

Photo 2274 

D'abord l'objet, comme un pied de nez aux liseuses, ce livre vous crie de le toucher, de le saisir. Il y a du relief dans la couverture qui a été, comme il est indiqué, "méchamment frappée pour lui faire payer". Il semble avoir avoir une âme ce livre, cette fibre naturelle est attirante. 

On nous prévient "L'ouvrage ne mesure que 140 mm de largeur sur 195 mm de hauteur. Pourtant la chute qu'il raconte est vertigineuse".

C'est celle de Saul Karoo, la cinquantaine, écrivaillon, comme il se décrit, qui retouche des scénarios pour les rendre transposables à l'écran. Ce sont parfois les films eux mêmes qu'il redécoupe.

Englué dans un divorce qui s'éternise d'une ex femme qui l'infantilise, il fuit toute forme d'intimité même avec son fils. Il a besoin d'un public tout le temps et ne sait pas trop ce qu'aimer veut dire. Il a une réputation à tenir, celle d'un gros buveur. Sauf que les litres d'alcool qu'il descend ne font plus apparaître chez lui la moindre ivresse. Il est comme immunisé.

Un énième film à retoucher lui est présenté. Il y voit une occasion unique de réecrire sa propre vie et de devenir quelqu'un de bien, enfin. 

Vous allez certainement le trouver superficiel, opportuniste, peu admirable et égoïste cet homme là. Mais vous aurez quand même envie qu'il s'aime et s'ouvre sincèrement aux autres au lieu de surfer sur la vie sans se mouiller. 

L'écriture va vous saisir, tant elle est cinématographique. Les scènes s'impriment sur la rétine jusqu'à percevoir la moindre mimique, la moindre volute de fumée, l'effluve de l'alcool. Vous ressentirez les ambiances, les faux semblants, les jeux de rôle et entendrez le tintements des glaçons dans le verre, les rires, les grincements de dents. 

Dans ce théatre permanent qu'est la vie, nous revêtons la peau d'un personnage, malgrè nous. Et puis, c'est comme un engrenage, on n'en sort pas du tout. Jusqu'au jour où l'on a envie de se démaquiller, de tomber le masque mû par un désir d'authenticité. Le peut on vraiment ?

Saul perçoit trop tard la tragédie qui se profile tel un mythe avec son Olympe, ses centaures, ses déesses et ses sirènes enchanteresses. Parce qu'à vouloir tutoyer les Dieux, on finit par se brûler les ailes...

A celles et ceux qui craignent la noirceur et la tristesse du récit de la chute d'un homme, qui fuient les livres qui nous montrent dans quoi l'homme est capable de sombrer (folie, pauvreté,etc), je dis : Lisez ce roman car il n'est pas de ceux qui vous plombent le moral. C'est un coup de pied aux fesses qui nous enjoint à avancer et à croquer la vie et qui nous crie "Vis, ressens" !!! (j'entends déjà certain(e)s me dire que je vois ce message partout en ce moment dans mes lectures...)

Croyez donc la promesse de la 4ème de couverture selon laquelle "c'est écrit avec un humour corrosif, c'est cynique, c'est sans pitié, c'est terriblement remuant".

Féroce donc, auteur aux regard et griffes acérés, quel beau pavé !!!

Lu dans le cadre du Challenge le pavé de l'été de Brize

Le joli billet de la tentatrice Clara !

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Commentaires
D
Rebonjour lucie, pas forcément un coup de coeur pour moi mais j'ai été contente de découvrir et lire ce roman http://dasola.canalblog.com/archives/2012/08/21/24929319.html Bonne après-midi.
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L
@theoma : je ne sais pas !!!
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T
malgré les nombreux billets tentateurs, toujours pas franchi le cap, qu'est-ce qui me retient ?
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L
@noukette : tu verras on ne se pose plus la question une fois qu'on l'a ouvert !!!^^
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N
C'est malin ! Quand est-ce que je vais trouver le temps de lire un tel pavé moi hein, quand ?? ;-)
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