Une photo, quelques mots, Numéro 229 (déjà !!!)
Elle ignore depuis combien de temps elle est dans cette salle de bains. Une bonne heure sans doute, la chaleur de l'eau n'est plus aussi forte. Ses boucles rousses sont des algues qui lui caressent les bras et les épaules.Tous les bruits de l'exterieur sont étouffés quand ceux de l'interieur, de son propre corps dans l'eau savonneuse, semblent amplifiés. Sa bouche pulpeuse, son nez fin, ses yeux verts bordés d'une frange épaisse de cils, sont hors de l'eau. Ses genoux aussi, elle est trop grande pour cette baignoire. Dans les moments brumeux de sa vie, c'est l'endroit qu'elle a toujours choisi pour réfléchir sauf lorsqu'elle vivait à Bologne, la baignoire sabot était devenue douche aux épaisses parois de verre. La tête sous le pommeau grand ouvert, sa reflexion l'avait alors amené vers le mauvais chemin. Quand elle est allongée dans une baignoire, les oreilles remplies d'eau, elle prend de meilleures décisions. Pas aujourd'hui. Elle ne voit pas plus clair depuis son immersion, le brouillard s'est même épaissi. Elle est tentée de rester là, dans cette eau qu'elle voudrait faire rougir de son sang.