Ceux qui reviennent à la vie...
"Les revenants" de Laura Kasischke est un roman fresque qui vous emporte et vous hante comme les fantômes qu'il contient.
Près de 600 pages que j'aurais aimé savourer un peu plus. Mais timing du prix Elle oblige je l'ai englouti à toute vitesse.
Je l'ai aimé notamment pour sa construction, parce que les scènes sont données à voir plusieurs fois par le prisme des différents personnages. Cela donne peu à peu relief et consistance à une histoire que l'on croit au début bien banale : des jeunes qui se fichent en l'air en voiture.
Tout démarre en effet par la sortie de route d'un véhicule abritant à son bord un couple d'ado. Le seul témoin de la scène, Shirley, appelle les secours. Puis l'on comprend que la jeune fille n'a pas survécu au drame. Elle était membre d'une sororité, confrérie dont les rites de passage sont plus proches du bizutage que de la confection de fleurs en papier.
Un an après, Craig le survivant-présumé-meurtrier est prié de raser les murs du campus. Perry qui partage sa chambre est obsédé par la mort au point de suivre un cours sur ce thème.
Et de fil en aiguille, on comprend que l'histoire est plus compliquée qu'il n'y paraît et que certains morts peuvent revenir hanter la vie de ceux qui restent. Au sens propre et figuré...
L'auteure nous donne à voir une ambiance de campus américain qui paraît lisse mais qui se craquelle et les fissures deviennent glissements de terrains.
La galerie de personnages comprend notamment la peste qui détruit tout sur son passage, la prof passionnée par son métier et incomprise par son mari et l'ado défoncé qui finit mal.
Les ressorts de cette histoire nous sont dévoilés au fil des pages pour un final bluffant et inattendu car les pires secrets sont souvent les plus farouchement protégés ...
Un portrait en filligrane d'une Amérique bien pensante obsédée par les armes et aveugle aux violences ordinaires.
A lire !
Extraits :
"le docteur Tuby hochait la tête de plus belle (bon sang, il pourrait se dégoter un job de chien pour lunette arrière)"page 197.
"le Net était devenu, pour celles qui n'avaient plus leur mère, le principal filon des remèdes de bonne femme et autres conseils féminins" page 184.
Les avis de Joëlle qui a adoré, audouchoc regrette trop de contrôle dans l'écriture, leiloona a traîné dans sa lecture jusqu'au déclic qui lui a fait mordre à l'hameçon et elle a aimé !!
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