Un recueil de fragments de vie et d'anecdotes tirés d'une observation fine du monde qui l'entoure, rien de plus ce livre de Christian Bobin ? Si ! Il a l'art de glisser de la poésie et de la magie en toute chose.
Le quincailler tenant registre devient sorcier ouvrant grimoire, les rideaux de dentelles chuchotent, les églises conversent avec les magnolias, le soleil déploye des draps de lumière sur le carrelage et ses rayons se fracassent sur le parquet, les cimetières et les moineaux méditent, les rosiers frissonnent, les arbres font un triomphe aux rues qu'ils bordent et le ciel roule au-dessus des quartiers. Partout et tout le temps des oiseaux, des arbres, des écureuils, la nature qui suit son cycle, imperturbable, immuable.
Et puis l'homme et ses souffrances : la vieillesse, la maladie, la mémoire qui s'enfuit, le désarroi d'un enfant orphelin de mère, la séparation, la mort. Pourtant de la lumière et de l'espoir en tout.
Et Dieu dans tout ça ? Nul part et partout, en chacun de nous sans avoir besoin de le convoquer par nos prières.
Une invitation à cueillir les moments simples de la vie, les chérir, pour qu'ils forment amortisseurs en cas de chute inévitable, un appel à se dépouiller de l'inutile, à revenir à l'essentiel.
Contempler ce qui nous entoure sans vouloir toujours posséder et comprendre. Garder les pieds sur terre foulant les primevères et les pervenches quand le coeur détricoté est léger et autorise à la tête de rêver.
Le mépris forme cire recouvrant le coeur, quand la bonté et la compassion sont des valeurs à cultiver parce qu'elles enchantent le monde et le rendent acceptables.
La force du sourire qui dépose poussières d'or dans le coeur, la clarté et la lumière du soleil et des étoiles pour affronter les ténébres sans baisser les bras, sans penser que cela ne vaut plus la peine d'y croire.
Ce livre c'est une bouffée d'oxygène, de chlorophylle, d'amour et de bienveillance. Alors qu'on se croit parfois presque mort, le coeur désséché, on renaît sous la rosée du matin, en écoutant le chant d'un oiseau, en regardant le vert pâle d'une feuille de tilleul.
Bijou indispensable ! Un rai de lumière perçant ciel nuagueux, divin.
Extraits : "Nous nous faisons beaucoup de torts les uns et aux autres et puis un jour nous mourrons.
J'écris pour me quitter, aussi pour inventer une maison aux vivants, avec une chambre d'amis pour les morts.
Le monde où nous vivons est enchanté par l'amour et sans cet enchantement nous n'y séjournerions pas une seule seconde. Nous sommes jetés dès notre naissance dans un réduit où nous ne pourrions que dépérir, s'il n'y avait la lucarne du coeur donnant sur le ciel.
L'amour de certaines mères est comme une corde passée au cou de l'enfant : au moindre mouvement de celui-ci vers la vie, le noeud coulant se resserre. "
Lu dans le cadre du challenge de Yuko.