Le voisin de Tatiana de Rosnay
Lu quasi d'une traite à la faveur d'une insomnie. C'est un comble pour un roman dont le personnage principal, Colombe, perd le sommeil à cause de son voisin du dessus qui écoute les Rolling Stones à 3h du mat'. Elle se lève carrément, boit de la tisane et lit des romans érotiques. Ce livre constitue donc un parfait trait d'union entre mon texte sur l'insupportable voisin, ma lecture de Cinquante nuances de Grey et mes insomnies inexpliquées (rien à voir avec mon voisinage).
Colombe la douce va devenir furie en se laissant gagner peu à peu par une quasi-folie. C'est une femme sans histoires qui en écrit pour les autres, elle est nègre. Elle est la maman de deux jumeaux, Balthazar et Oscar, et marié à un courant d'air tant son mari est absent. Il faut dire que Stéphane groupe déplacements professionnels et bagatelle.
La petite voix intérieure de Colombe lui demande si cette vie là lui plait, lui intime l'ordre de se bouger, d'écrire son propre livre, d'aller voir son voisin du dessus pour lui demander de cesser son vacarme nocturne. Mais Colombe est plutôt du genre passe-muraille, elle n'aime pas faire de vagues. Alors elle subit Mick Jagger toutes les nuits. Fatiguée nerveusement, elle finit pas enquêter et espionner ce voisin qui la persécute uniquement quand son mari est absent. Elle ignore que, ce faisant, le harcèlement va encore monter d'un cran...
Excellent suspense, belle tension psychologique. Ce roman est prenant. On enrage, on fulmine, on stresse avec Colombe. On a envie d'étrangler son homme et ce fichu voisin.
J'ai aimé le parallèle entre nègre et mère porteuse (à l'heure où le débat sur ce thème est passionné), couvant et pondant un texte qu'un autre va s'approprier et présenter comme sien. Egalement le contraste des deux soeurs : Colombe l'effacée, la transparente, l'ombre et Claire la flamboyante, la lumière.