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Les facéties de Lucie
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25 juin 2016

Giboulées de soleil ou le coup de coeur après lequel je quitte l'aventure des 68.

giboulées 

Pour ceux qui n'ont rien compris au titre de ce billet, j'explique : j'ai eu un jour l'idée folle d'accepter de participer au projet non moins délirant d'une boulimique de livres, j'ai nommé Charlotte l'insatiable.

Objectif : lire un maximum de premiers romans et les chroniquer sur mon blog. Faire circuler les livres et partager gaiement avec les autres participants.

J'avais choisi l'option cool, l'option douce, bref je pensais que j'y arriverai. Je me vois contrainte de baisser les bras, de déclarer forfait. Mes yeux se ferment à chaque fois que j'ouvre les romans, j'ai trop peu de temps et d'énergie pour lire. Les gentilles organisatrices ne savaient même plus comment me demander de faire circuler plus vite les romans qui stagnaient dangereusement à mon chevet. J'en ai renvoyé un sans l'avoir ouvert. J'en ai lu deux quasi d'une traite à la faveur d'une accalmie professionnelle.

Et enfin j'ai reçu Giboulées de soleil. C'est un roman splendide. Je l'ai lu de manière tellement décousue que j'en ai perdu le fil des secrets de famille. L'histoire des ces femmes, Magdalena, Libuse et Eva, m'a beaucoup plu et malgré la frustration de ne pas avoir pu pleinement profiter de ces moments de lecture, je n'hésite pas à hisser ce roman au rang de coup de coeur.  Alors je vais le faire décoller vers sa prochaine lectrice et je vais l'acheter pour le relire, tranquillement. Carrément. 

Cette histoire de femmes qui répétent le même scenario m'a fait penser aux petites mères de Sandrine Roudeix. Et comme avec Sandrine, j'ai littéralement fondu pour cette écriture photographique et sensible. Lenka pourrait raconter n'importe quoi que je la lirai avec le même bonheur au point d'avoir envie de le faire à voix haute. 

Extrait de la note de fin de roman de l'auteure qui explique avoir raconté cette histoire à une amie avant de la coucher sur le papier : "je lui ai parlée d'une lignée de femmes inscrites dans l'histoire de la Tchécoslovaquie de sa création jusqu'aux années 80. Chacune d'elles doit assumer son destin, toutes espèrent vivre loin de la politique et du Tumulte de l'Histoire. Mais le monde les attrape, les rattrape, et leurs vies en sont ébranlées. Pourtant, si tragique que cela aurait pu être, rien n'est irrémédiable, même dans les moments les plus sombres. C'est une histoire de mères, de grand-mères, de filles et de petites filles, d'amour et de non-dits qu'elles voudraient protecteurs ; une histoire de racines et d'identité, de famille et de batardise fatalement transmise de génération en génération. De cette différence, ces femmes feront une distinction".

Enfin quelques extraits "Que ce soit chez les mamies ou à la maison, à l'école, partout, on n'entend que ça : travailler, il faut travailler, pour soi, pour les autres, pour que la vie avance. je suis sûre que la vie avancerait très bien sans mon travail. Elle n'en a que faire de mon travail la vie, et puis c'est quoi, la vie ? J'espère que la vie ne se résume pas au travail." page 271

"les confitures ne sont pas servies directement dans des pots posés sur la table, mais dans de jolies coupelles au bord desquelles Madame Gabriela a disposé ces petites cuillères fines. Toute cela fait de chaque leçon une fête. ses confitures sont presque aussi bonnes que celles des mamies. Le pain aussi. Elle le grille, et le beurre. Le beurre fond sur le pain chaud, le rend craquant et moelleux à la fois" quelques pages avant...

"Chacune de vous, les filles, porte en elle un brin de soleil. Je me demande pourquoi je ne vous ai jamais dit ça avant. On pense que ce qui est évident pour soi l'est aussi pour les autres, que c'est inutile à dire. Tu vois, ma petite, on ne sait rien. On cesse d'être innocent et ignorant quand on s'aperçoit qu'on ne sait rien. Et c'est déjà trop tard. "

"Maman a dit qu'on peut espérer, et papa a répondu que les espoirs, les espoirs ce ne sont que des paillettes qu'on se jette dans les yeux pour ne pas voir, qu'il n'y a plus rien à espérer. Je trouve ça plutôt stupide de se jeter soi même quelque chose dans les yeux. Je sais aussi que l'espoir est bon, parce que c'est Mamie Magdina qui me l'a dit. Elle a dit que l'espoir c'est comme une petite poche d'air, comme celle qui est dans la carpe que l'on mange à Noël, qui fait flotter le poisson, et que si un jour on se sent noyé et on pense qu'on va mourir, cette petite poche est là, en résevre, pour le moment le plus difficile, et parce qu'on le sait, on peut faire bien plus et toujours mieux. " page 238

"j'aimerais ajouter tout de même que je ne suis pas sûre qu'on puisse inventer une politique agricole dans un bureau. Depuis un bureau, on n'imagine ni la douleur ni la beauté. Oui, la terre, pour la connaître, il faut y plonger ses mains, mettre son nez dedans pour la sentir" page 40

Leiloona aussi a follement aimé cette "plume enchanteresse". 

L'irrégulière l'a trouvé implacable et puissant et Sabine friable et indestructible. 

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Commentaires
L
comme je te comprends...et quand je disais la dernière fois que je t'ai vue que j'étais "défoncée", c'est exactement pour les mêmes raisons que toi et cette vie où je cours...pas pour les mêmes choses mais on a tellement envie de participer et hop ça traine et à chaque fois que j'envoie un email je m'excuse auprès d'Eglantine de ma lenteur de lecture et des livres qui restent (trop) longtemps sur mon chevet. Bref on peut pas être partout!! bisous
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M
C'est pour ça que je n'ai pas osé tenter... Je sors du Prix des Lectrices ELLE, et mon rythme de lecture est largement ralenti ces temps ci...
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N
Celui là il me le faut !
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G
Je retiens ce titre alors... C'est sage d'arrêter... tu ne peux pas être partout!
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M
Je ne l'ai pas encore reçu mais après t'avoir lue, j'ai hâte qu'il arrive chez moi. Dommage que tu arrêtes. L'aventure est si belle !!!
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