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Les facéties de Lucie
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3 décembre 2011

Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan

Si l'écrivain glisse une part de lui ou des siens dans chaque fiction, ce n'est tout de même pas comme s'il racontait sa vie ou celle de sa famille. Et pourtant déjà cela peut causer facheries et autres enguelades parce qu'un père ou une soeur a reconnu ses traits dans un personnage.

Delphine de Vigan dans ce roman se plonge dans son passé familial pour comprendre la maladie et le suicide de sa maman. Elle nous livre ses reflexions et son interprétation des évenements. Elle détricote la mythologie familiale. Elle se livre sans fards et sans pathos. Elle se demande souvent si elle a bien fait de se lancer sur un sujet qui est, comme elle le dit, « casse-gueule ».

On m'a demandé si ce roman pouvait interesser les lecteurs qui ne sont pas concernés de près ou de loin par la bipolarité ou le suicide. Et bien oui, parce que ce n'est peut être pas cette maladie qui a présidé à la vie de votre famille, c'est peut être l'alcolisme d'un parent, la dépression d'un autre. Peut être qu'aucun de vos proches n'a mis fin à ses jours mais nous connaissons tous des âmes torturées, fissurées, parfois c'est même la nôtre qui l'est. Et parce que nous ne vivons pas seul, cela retentit nécessairement sur la famille et la manière dont chacun se contruit.

J'ai beaucoup aimé la première partie de ce roman dans lequel l'auteur revient sur l'enfance de sa maman, Lucile. Une enfant qui se sent différente de ses nombreux frères et soeurs. Silencieuse dans cette nuée d'enfants bruyants, se réfugiant dans les livres, toujours un peu en retrait de la vie, effacée.

Puis sa vie est devenue digne des montagnes russes : elle a vécu l'alternance de phases d'euphorie et de grande tristesse. Chaque montée se terminait en descente infernale pour elle et pour les autres jusqu'à ce qu'elle decide de sauter du wagon en marche...

Delphine de Vigan nous dit la difficulté à mettre en mot cette histoire, l'inutilité de l'écrit qui ne résout rien, n'explique rien, permet juste de poser des questions et d'interroger la mémoire. Ecrire sur soi oblige à convoquer des souvenirs qui existent en nous et font ce que nous sommes, mais cela ne permet pas de dénouer les noeuds crées, ne nous donne parfois pas le recul nécessaire pour en tirer quelque chose...Les mots et l'histoire qu'ils créent sont forcément subjectifs, orientés.

Ce roman ne donne pas seulement à voir une intimité familale, il renvoie vers la nôtre...

Les billet de Clara et de Leiloona.

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Commentaires
L
@lorette : comme ta maman je doute parfois... delphine de vigan a l'art de nous emporter dans la douleur sans pathos.
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L
Bouleversant, j'ai pleuré quasi du début à la fin devant cette écriture pétrie de douleur et de cupabilité mais aussi de beaucoup d'amour. J'ai aimé lire l'histoire de Lucile à travers les yeux et les oreilles de Delphine. J'ai aimé aussi sa façon de conter les chemins de l'écriture et son impuissance à réparer les maux avec ses mots.<br /> ... Et j'ai finalement offert le livre à ma maman, qui doute parfois que le soleil se lèvera encore demain matin.
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L
@nadael : une belle plume c'est sûr !
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N
J'ai beaucoup aimé Les heures souterraines...je vais attendre un peu pour lire celui-ci, mais je le lirai c'est sur!
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L
@leiloona : je me suis beaucoup reconnue dans Lucile réfugiée dans les livres et détestant le sport. <br /> D'accord avec toi sur les ponts !
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