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Les facéties de Lucie
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19 février 2018

Une photo, quelques mots n° 295

asiat

 

De la contrainte naissant la liberté, il fallait écrire un texte à partir de la photo et y intégrer les mots suivants ; pantin, asphalte, oxymore, escargot, bois. Génial ! Je ne serai jamais allée vers cette histoire sans ça.. 

 

Je me souviens de ce soleil d'hiver qui peinait à nous réchauffer. De nos écharpes de laine enroulées sur nos gorges serrées. Sur nos genoux, dans nos bentos, le déjeuner. Un curry de légumes et des sobas au sarrasin. Assises côte à côte sur le même banc de bois, nos regards n'allaient plus dans la même direction depuis ta confession. Tu fixais l'asphalte comme si du goudron allait émerger un bon génie qui exhaucerait tes voeux. Ton silence était éloquent. Oui, tu vois, j'ai enfin compris comment former un oxymore. Pas comment j'ai pu être aveugle à ce point. Tu as été manipulée comme un pantin et un piège s'est refermé sur toi. Cette homme, ton mari,  a fait de toi son souffre douleur, sa chose. Je te croyais très amoureuse, trop pour prendre le temps de voir ta famille, y compris moi, ta soeur. Je n'imaginais pas qu'il te coupait du monde, faisait tout pour que tu n'ais plus à travailler, ni à sortir de chez toi. Tu te rappelles de la chanson Katatsumuri que l'on avait apprise en classe maternelle ? En substance, cela disait : "escargot, escargot, où sont tes yeux, sors tes cornes, sors tes lances, sors tes yeux ". J'aurais du sortir mes yeux avant. Ce jour là sur le banc au soleil je n'avais pas encore tout saisi. Que quelque chose en toi était définitivement brisé, ça j'avais pigé. Qu'il avait éteint la lumière en toi, aussi. Mais je n'avais pas senti que sommeillait en toi une vengeance légitime. Au fil des jours, ta rage au coeur s'est transformée en énergie destructice. Je n'aurais jamais imaginé que tu puisses le poignarder. Toi, Yoko, si douce, si pacifique. Hiroshi t'a transformée en meurtrière. L'ami de papa, tu sais, l'avocat, il va te sortir de là, plaider la légitime défense. J'espère que les gardiens ne mangeront pas les mochis que j'ai glissé dans ton colis. Je viens te voir la semaine prochaine ma soeur. Tiens bon. Je t'aime. 

Pour lire les autres textes foncez sur le site de Leiloona !

 

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Commentaires
L
Joli texte. Et j'aime beaucoup la chanson de l'escargot. Bravo!
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L
C'est très agréable à lire, les mots roulent et chantent, pourtant le sujet est difficile, et tout est porté par cet amour inconditionnel, bienveillant, superbe !
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A
Wouaou..... Je ne m'attendais pas à ça.. C'est super bien écrit. ON ne lâche pas jusqu'à la derière ligne !!
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C
C'est superbe. On dirait un drame japonais qui s'insèrerait bien dans les films merveilleux des années 60. C'est bien écrit. Bravo.
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