J'envisage de te vendre (j'y pense de plus en plus) de Frédérique Martin
Si le but était de secouer le lecteur et de le déranger alors c'est parfaitement réussi. (c'était déjà le cas du roman "le vase où meurt cette verveine")
Ce recueil de nouvelles met mal à l'aise. Parce que le futur qui y est dépeint semble tout à fait possible et que ça fait froid dans le dos.
Il n'y a qu'à lire "le desespoir des roses", où un jeune homme met en vente sa mère sur le marché ou bien "le fruit de nos entrailles" dans laquelle un couple choisit son enfant sur catalogue.
Je ne vous en dis pas plus pour ne pas vous gâcher la surprise des chutes de ces nouvelles qui piquent. "Pure malt, sec et bien tassé" disait la 4ème de couverture c'est exactement ça. C'est le "court, noir et sans sucre" d'Emmanuelle Urien.
Je ne vous cache pas mon bonheur d'avoir retrouvé l'écriture de l'auteure.
Extraits :
page 47 "On est heureux et puis d'un coup on ne l'est plus. ça ne s'explique pas et c'est ce qui rend la vie si moche au bout du compte. Parce qu'il ny'a rien qui dure toujours, rien qui soit toujours pareil. "
page 51 "La chambre était fraiche, le store rayait le trop plein de lumière et balafrait le mur."
page 24" A mon retour, il était assez tôt pour assister aux fiévreuses retrouvailles du soleil et de l'horizon."
page 45 "Je jurerais que la lumière elle même était complice et l'éclairait d'une drôle de façon. Un vitrail hors de l'église. "
page 46 "C'est comme ça l'amour, le très grand. C'est évident et ça ne se discute pas".
page 17 "un couple vend des cornets d'illusion"
page 13 "le ciel pesait bas, harassé de lassitude. La rosée s'obstinait malgrè les coups d'éponge ou de torchon (...) des arômes de café, de friture et de tabac mêlés repoussaient l'air frais avec hargne."