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Les facéties de Lucie
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10 octobre 2011

"La vie Immortelle d'Henrietta Lacks" de Rebecca Skloot

Qui l'eut cru ?

J'ai terminé, sans trop rechigner, la lecture d'un document scientifique de près de 400 pages.

Il y est question de cellules. Pas n'importe lesquelles. Les cellules d'Henrietta Lacks, une jeune femme noire emportée à 31 ans par un cancer foudroyant de l'utérus.

Elle a contribué, sans le savoir, à la création de vaccins, au decryptage de cancers et de virus et à des avancées telles que la fécondation in vitro, le clonage ou la thérapie génique.

C'est à l'hôpital Hopkins, le seul à accepter les patients noirs dans les années 50 qu'elle était soignée. Des prélèvements de ses cellules ont été réalisés pour établir le diagnostic et choisir son traitement. Leur developpement exceptionnel a attiré l'attention des biologistes qui n'avaient jamais réussi jusque là à conserver des cellules.

Hernietta morte, ses cellules continuent à se diviser à l'infini au point d'être commercialisés à grande échelle. Excellent matériau pour la recherche médicale, elles permettent de sacrées avancées.

 Alors que les cellules d'Henrietta rapportent des milliards de dollars, sa famille, qui ignore qu'une partie d'elle vit encore, n'a pas les moyens de se payer des soins médicaux.

Quand ils apprennent ce qu'il se passe, ils veulent comprendre mais leur colère et leur crainte d'être utilisés à leur tour leur font repousser tous les journalistes qui souhaitent les rencontrer y compris Rebecca Skloot.

C'est grâce à sa patience, sa détermination et le dialogue qu'elle sait instaurer avec une des filles d'Henrietta, Deborah, qu'elle parvient à échanger avec cette famille dont la rancoeur et l'amertume est compréhensible.

Ils ne souhaitent pas revendiquer une quelconque propriété sur les cellules d'Henrietta, ni mettre un coup d'arrêt à la recherche. Ils attendent juste un peu de reconnaissance et un bel hommage rendu à leur maman.

J'ai aimé la lecture de ce document romancé qui met au jour des pratiques consternantes (experimentations sans consentement effectuées sur les noirs, les prisonniers et les epileptiques traités comme des rats de laboratoire) et aborde la question de la marchandisation des produits issus du corps humains.

L'accès libre aux cellules et tissus est neccessaire pour permettre à la recherche médicale d'avancer dans le traitement des cancers et virus. Mais quid du donneur non consulté et non dédommagé qui a fourni une matière première qui permet à des laboratoires d'engranger de sérieux profits ?

Ce roman pose question à une époque où les reins et le plasma se vendent sur ebay, où un marché noir d'organes existe et où les mères porteuses louent leur ventre. Jusqu'où peut on aller ?

Gérard Collard a adoré !

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Commentaires
L
Entièrement de ton avis ! ;)
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L
@ys : j'ignorais tout de ces cellules HeLa,c'est vrai que cette auteure a le mérite de vulgariser des notions peu simples.
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Y
c'est en effet une thématique intéressante et c'est appréciable que des auteurs sachent la rendre abordable.
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