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Les facéties de Lucie

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20 novembre 2019

Changement d'adresse !

Ce blog a douze ans et demi d'existence.

Certaines années j'ai enormément publié, d'autres presque pas.

Il n'est pas question que je cesse d'écrire des billets sur mes lectures. Je ressens toujours le besoin de partager. Il n'est plus si facile de le faire avec Canalblog. C'est pourquoi j'ai déménagé mon blog chez Wix sur les conseils de Sabine. 

J'espère vous y retrouver nombreux(ses) !!! 

C'est par ICI !

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12 octobre 2019

La libraire de la place aux herbes d'Eric de Kermel

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Depuis que j'ai cessé mon activité pour cause d'actif insuffisant pour faire face au passif, je vis quelques insomnies. Alors je lis en regardant amoureusement mon bébé qui dort juste à côté. C'est Sarah qui m'a glissée ce roman là entre les mains. Si ça n'est pas le coup de coeur annoncé en couverture, je l'ai tout de même beaucoup aimé. 

Nathalie enseigne la littérature à des classes de terminales au Lycée Montaigne à Paris. Son mari, Nathan, est architecte. Elise, leur fille ainée, étudie la photographie à Arles et Guillaume, son frère, vient d'obtenir son bac.

Nathalie suffoque et étouffe, la ville la bouffe.  Il est urgent de partir. 

"Résister, c'est souvent étouffer sa sensibilité, s'endurcir, jusqu'au jour où l'armure craque". Page 18

Le couple découvre Uzès au mois de janvier et tombe sous le charme. "Il est facile d'avoir un coup de foudre pour Uzès en hiver, attablés à une terrasse devant une tartine de chèvre arrosée d'huile d'olive."

J'y ai passé une journée il y a 5 ans et en garde un souvenir flou mais positif. Au coeur de la ville, la place aux herbes où se tient le marché. La librairie de cette place est en vente. "J'ai tellement d'amis qui ont fait le rêve d'avoir une librairie comme d'autres font celui d'une chambre d'hôtes. Ce sont des rêves protecteurs, des rêves en forme de fuite parfois... Se mettre à l'abri des livres ou de grands murs...Je pense que les livres ouvrent davantage d'horizons que les grands murs." page 25

Page 26 " je dois beaucoup à mes lectures. Ce sont elles qui m'ont fait grandir et choisir mon chemin, qui m'ont permis de ne pas voir le monde qu'avec mes seules lunettes mais aussi avec le point de vue de ceux qui m'ont ouverte à d'autres univers, d'autres époques. Je ne me suis jamais sentie si proche de moi-même qu'en lisant les mots des autres. Tous ces autres qui m'ont rejointe dans mon intimité l'ont fait avec pudeur et sans rien juger de mes ressentis. Ils ne me connaissent pas mais c'est bien au frottement de leurs phrases que j'ai découvert qui je suis. J'ai pleuré avec eux autant que j'ai ri."

Nathalie dit avoir hérité ça de son père, je tiens quant à moi cette passion des livres et de la lecture de ma maman. 

Au fil des chapitres de ce roman, Nathalie nous présente des clients marquants qui ont fait naitre chez elle de sacrées reflexions sur notre societé et sur sa vie. Comme dit la 4ème de couverture, elle se fait tour à tour confidente, guide et médiatrice pour tous ces clients qui vont trouver grâce à elle et aux livres qu'elle leur conseille, des réponses à leurs questions. 

On rencontre d'abord Cloé dont la mère choisit les lectures. "Stendhal, Balzac, Hugo et consorts ont pris une telle place qu'ils sont considérés comme un péage intellectuel obligatoire pour l'apprenti lecteur (...) avec ces parcours imposés lors de notre scolarité, bien des adultes garderont ensuite longtemps une résistance à ouvrir, par plaisir, un livre classique. "

J'aime le passage où elle évoque les romans fleuves comme celui de Proust A la recherche du temps perdu. Le lire c'est accepter "de prendre le temps d'être infusé par les mots." "Prendre e temps de lire n'est pas seulement tourner page après page, mais prendre le temps des mots. (...) Accepter de les déposer, comme on laisse reposer une pâte à crêpe, et de les reprendre ensuite". page 39

Comme Nathalie, j'ai des tas de carnets contenant les citations des livres que j'ai lus et qui me rappellent ce par quoi j'ai pu passer. 

"Et n'oubliez jamais que la lecture d'un livre n'est pas un devoir et que l'abandonner au bout d'une cinquantaine de pags barbantes n'est pas un sacrilège mais un impératif". Page 43

"J'aime les auteurs qui savent donner des odeurs à leurs histoires, ceux dont les mots peuvent frôler ma peau ou s'y poser lourdement". "C'est un bon exercice que de chercher la couleur dominante d'un livre, son odeur, son bruit..." page 48

Nathalie partage cet amour de la lecture avec sa fille "les livres étaient des témoins que je lui passais, avec la certitude qu'ils seraient autant de jardins où cueillir des fleurs pour nourrir son imaginaire mais aussi pour inspirer sa propre histoire.". Page 54

"Lorsque nous croisons la trajectoire d'un livre, c'est que nous avons rendez vous. Qu'il était temps que la rencontre ait lieu. Quand nous parlons d'un livre, ce n'est pas seulement de ce que nous avons lu que nous parlons, mais de nous-mêmes. C'est d'abord vrai de l'écrivain. Même la fiction la plus improbable raconte quelque chose de son auteur, mais il intervient ensuite une mise en abyme entre son histoire et la nôtre. "page 57

On rencontre ensuite Jacques. Un pélerin sur le chemin de St Jacques de Compostelle direction le Mont St Michel. Il profite d'un repos forcé pour cause de douleur au mollet pour lire à Uzès et échanger avec Nathalie à chaque visite à la librairie. Son histoire n'est pas légère. J'aime sa définition de la sérénité : "Simplement apprécier ce que l'on a, sans pleurer sur ce que l'on a perdu ou rêver de ce que l'on n'a pas encore." page 76

"Les livres sont comme des épices, ils relèvent nos jours, non pas en nous renvoyant à notre condition ordinaire mais en nous permettant de souligner combien chacun peut trouver dabs sa vieun espace où développer son désir de joie, d'amour, de paix d'aventure. A l'image de ceux qui sont capabkes d'identifier quelle rencontre a changé leur vie, avec un peu de réflexion, il est aisé de lister les livres qui ont été des repères, comme des cairns sur notre chemins. Parfois repères rassurants sur un sentier où l'on se croyait égar, d'autres fois invitations à changer d'orientation, voire à effectuer une coversion." page 83

Philippe est le troisième personnage que l'on rencontre. Il voyage sans cesse, beaucoup, beaucoup trop.

"En réduisant le temps de nos trajets, en annulant celui de la recherche d'une infirmation, en multipliant les écrans qui nous attirent et nous relient au monde entier, nous avons fait naître un humain hyper connecté sauf à lui-même." page 111

Leïla, c'est l'éleveuse de chèvres et fromagère qui apprend à lire avec Nathalie. 

"Je mesurais tous les jours combien la lecture offre la plus belle évasion, même à celui qui ne quitte jamais son territoire." page 139 "il m'est arrivé souvent que la lecture d'un livre me donne la clairvoyance nécessaire pour exprimer ce que je pensais."

Bastien, Tarik, Soeur Véronika, Arthur, Solange, Nathalie le reconnait "tous les échanges qui se sont développés grâce à la librairie m'ont bien aidée " et notamment à comprendre sa relation compliquée avec son ado de fille. 

" Quand on admet que réussir l'education d'un enfant c'est surtout lui permettre de choisir librement son propre chemin pour être heureux, on a franchi une vraie étape qui remet bien des choses à leur place."

"Je dois beaucoup à ceux qui viennent à la librairie car ils m'apportent l'air du large et, par procuration, m'emmènent ailleurs, au bout du monde ou à la découverte de tous ces plis de l'âme humaine que je n'aurai jamais fini d'explorer. " page 276. 

J'ai corné tellement de pages de ce livre dont de nombreux passages ont alimenté ma propre reflexion que je vous invite à le lire. 

Merci Sarah ! J'ai noté quelques titres de livres à lire conseillés par Nathalie. 

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25 janvier 2019

Bienvenue au monde, confidences d'une sage-femme de Anna Roy

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Dix jours avant la naissance de notre fille, je me suis mise à visionner les replay de La maison des maternelles sur France 5. J'y ai découvert les interventions pertinentes et éclairantes de la sage-femme Anna Roy. Depuis que notre petite Anna est née (je vous rassure aucune fan attitude dans le choix du prénom, nous l'avions arrêté bien avant), je regarde toujours assidument cette émission en direct et sur youtube en selectionnant les tutos et les grandes discussions en fonction de mes questionnements du jour : les bons gestes pour moucher bébé quand elle a eu sa rhino, le cododo (je le pratique avec elle depuis le début), les premieres semaines avec bébé, etc.

J'ai logiquement commandé et lu le livre d'Anna Roy sur le périnée. Il m'a passionnée et a tordu le cou à quelques unes de mes idées reçues, je vous en reparlerai une fois que j'aurai retonifier mon périnée. Je commence bientôt mes 8 séances de réeducation ayant obtenu la note moyenne de 2,5 sur 5 au test de ma sage femme. 

Bienvenue au monde est né dans les cahiers recouverts de moleskine d'Anna Roy dès ses premiers pas de sage femme et c'est tout bonnement passionnant. Elle s'est jurée de coucher sur le papier tous les moments incroyables que l'exercice de sa profession lui a permis de vivre. Les évenements sont souvent heureux mais tout ne se passe pas toujours bien. "La vie est folle parfois" page 102. Visite à domicile, garde de Noël et jour de l'an, exigence de rentabilité, burn out, Accouchement sous X, bébé mort né, accouchement à domicile ou en pleine rue, Anna Roy n'occulte aucun aspect de son métier, c'est pourquoi je recommande aux femmes enceintes de ne lire ces confessions qu'une fois leur accouchement passé. Je ne suis pas sûre qu'il soit bon d'avoir une vue sur les coulisses avant la réprésentation. 

J'ai accouché il y a un mois et demi à la maternité de Carpentras dont la bonne réputation est largement méritée. J'ai été accueillie, dès la fissure de ma poche des eaux et tout au long de mon séjour, par des sage-femme, puéricultrices, pédiatres, aide soignantes et infirmières passionnées, rassurantes, bienveillantes, empatiques et professionnelles. Anna Roy a raison d'insister sur l'importance de ce travail d'équipe. Si un maillon de la chaine manque, rien n'est possible. 

Quand je suis sortie de la maternité 4 jours après la naissance de ma poupée, j'étais très émue de quitter ce cocon rassurant au point d'oublier de récupérer le carnet de santé d'Anna à la pouponniere. Une fois arrivée à la maison il n'y a pas de sonnette pour solliciter l'aide d'une puéricultrice pour la mise au sein de son bébé ou poser des questions sur l'art de donner le bain. Elles sont précieuses ces premières journées à la maternité. Maman pour la première fois, je n'aurai jamais songé à écourter mon séjour. Il me reste à trouver un présent pour ces femmes formidables qui m'ont aidé à donner la vie. 

24 janvier 2019

A nous regarder, ils s'habitueront d'Elsa Flageul.

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Elsa m'avait interdit de lire ce roman avant d'avoir accouché. En le dévorant, j'ai compris pourquoi. Je formule la même interdiction aux femmes enceintes. 

C'est l'histoire d'un enfant qui arrive avant, bien avant, le terme et du boulversement que cela représente dans la vie d'un jeune couple. Dans le récit sont glissés des extraits du journal d'Alice, la maman, qui y déversent ses états d'âme y compris les moins avouables. 

Si la difficulté d'être parents est amplifiée par la précocité de ce bébé "dragon", cette histoire peut parler aux parents d'enfants nés à terme.

Comme toujours avec Elsa Flageul, les mots touchent et vont droit au coeur. On ne peut guère lâcher ce roman avant de l'avoir terminé. 

Extraits : 

page 69 "Les bébés sont robustes, leur fragilité est un habit dont ils se parent pour que le monde entier n'oublie pas de les protéger mais ils sont plus courageux, plus grands que nous. "

page 128 "La vie n'est qu'une histoire de cas particuliers. Rien ne fait sens. Rien n'est juste. Rien ne se ressemble. Une vie, ça ne se mesure pas. Une vie, ça ne se compare pas. "

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31 décembre 2018

La ferme du bout du monde de Sarah Vaughan. Coup de coeur.

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J'avais beaucoup aimé lire le premier roman de Sarah Vaughan "La meilleure d'entre nous". Quand Caro m'a prêtée celui-là je sentais que ce serait le même type de rencontre.

J'en ai commencé la lecture le 5 décembre, à la maternité, le jour où bébé Anna avait décidé de fissurer la poche des eaux.

Excitée par l'arrivée imminente de ce bébé, j'ai lu et relu les mêmes premières pages sans y prêter aucune attention. 

Je l'ai repris en rentrant à la maison quand Anna dormait après les tétées. Je l'ai dévoré et terminé trés émue

Encore un grand bravo à Sarah Vaughan et à Alice Delarbre, sa talentueuse traductrice, qui ont peint une saga que la 4ème de couverture a raison de qualifier d'inoubliable. 

Je ne sais même pas quoi vous dire de l'histoire tant vous allez avoir plaisir à la découvrir grâce à un aller-retour maitrisé entre passé (1939-1943) et présent (2014). 

Extraits : 

 "Quand Lucy y repense plus tard, elle se dit que c'est terrifiant à quel point la vie peut basculer en un instant : comme une pièce qui tournerait  sur sa tranche dans un infini mouvement joyeux et qui, d'un coup, tomberait sur une face". page 22. 

"Dehors, la chaleur de la journée avait été remplacée par une température plus agréable, et le ciel était d'un bleu assourdi : des nuages de traîne avaient formé des traces blanches discrètes. Il ferait tres beau demain et, d'ici à deux heures, le ciel serait tout en ors et roses vifs, au moment où la boule brûlante du soleil plongerait dans l'eau. "page 201

"Un pâle croissant de lune, aussi fin qu'une rognure d'ongle, se dessinait dans le bleu. Un avertissement : le crépuscule approchait." page 209

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2 décembre 2018

Parler ne fait pas cuire le riz de Cécile Krug

PARLER NE FAIT PAS CUIRE LE RIZ  

C'est ma caro qui m'a prêté ce petit roman de Cécile Krug. Sa lecture m'a fait un bien fou. De la littérature de poulette me dites vous ? Oui et c'est réussi.  

Notre Bridget Jones s'appelle Jeanne, elle a 40 ans. Insomniaque et acheteuse compulsive, elle a quelques kilos en trop et une mauvaise relation avec sa mère dont elle dépend financièrement. Elle s'embourbe dans sa vie sentimentale et professionnelle.

Sa soeur Justine lui offre un cadeau empoisonnée censé l'aider à prendre un nouveau départ : une semaine de jeûne, yoga et randonnée au fin fond du Pays Basque.

Jeanne s'y rend à contre coeur, persuadée de ne pas tenir une semaine à ne boire que du bouillon. Elle n'est pas au bout de ses surprises ! 

Nous, lecteurs, on se régale grâce à l'écriture pétillante, rythmée, bourrée d'humour et de cynisme de Cécile Krug qui glisse habilement des petites leçons de développement personnel certes connues mais qu'il est bon de relire.

Bref une bonne comédie romantique punchy !

Il ne me reste plus qu'à lire son premier roman dont j'avais noté le titre dans mon carnet de livres à lire : Demain matin si tout va bien. 

Quelques extraits : 

"quand tu te promènes dans la rue et que tu as l'impression que tous les gens te rentrent dedans, demande-toi plutôt si ça n'est pas toi qui leur fonces dessus." 

page 62 "Douze mille deux cents calories plus tard, équitablement réparties sur les hanches, les cuisses et les fesses, je redresse le menton en m'interdisant de baisser les bras. Je me connais, si ne bouge pas maintenant, je vais déprimer. Quand je déprime, je mange et quand je mange, je grossis. Quand je grossis, je me trouve moche et quand je me trouve moche, je mange encore plus pour oublier que je suis incasable parce que bien trop moche. Donc, je déprime et je mange. Je suis le chien attaché au révèrbere qui se mord la queue en effectuant cent fois le tour du poteau et qui enroule lui-même la laisse qui finit par l'étrangler."

page 73 "égarée dans le labyrinthe de mes noeuds maternels, je réalise soudain qu'il y a une partie de moi qui vient chercher l'affrontement. En fait, c'est tellement évident que cela ne m'avait pas traversé l'esprit jusqu'alors. Je ne connais que ce mode de fonctionnement avec elle, il est devenu notre cadre de référénce et nous serions aussi perdue l'une que l'autre s'il n'existait plus. C'est comme un rituel, une picèe qui se rejoue inlassablement avec les mêmes acteurs. Deux rôles principaux bien définis, une victime et un bourreau. La victime ne peut pas s'empêcher de croiser la route et le fer avec son bourreau pour prendre des coups que celui-ci trépigne d'impatience de lui donner et elle, de recevoir."

1 décembre 2018

Valentine ou la belle saison de Anne-Laure Bondoux

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Ne vous fiez pas à ce titre un peu "cucul la praline" , ni à la 4ème de couverture qui ne donne pas la pleine mesure de l'histoire. Dites vous juste que c'est du bon Anne-Laure Bondoux, et lisez sans attendre ce roman qui fait du bien.

Je suis une inconditionnelle des romans de cette auteure. Depuis ma lecture du fameux "Le temps des miracles" en 2009, j'ai enchainé la lecture de ses histoires avec le même plaisir à chaque fois sans avoir toujours le temps de vous en dire un mot. J'ai par exemple récemment dévoré "l'aube sera grandiose" grâce aux bons conseils de Madeline. 

C'est sur un coup de tête que Valentine , 48 ans et demi, divorcée, décide de prendre le premier train pour Brive La Gaillarde. Un séjour chez Monette, sa maman, lui fera du bien. Elle pourra y travailler à l'écriture du guide sur la sexualité des ados qu'on lui a commandé et se ressourcer dans sa province natale. Ce séjour chez sa maman va être bien plus bouleversant et bénéfique qu'elle ne l'imagine. L'occasion de déterrer de sacrés secrets de famille avec son frère Fred et de redémarrer d'un nouveau pied. 

Extraits

"Un sachet de tisane infusait dans le mazagran qu'elle avait déniché dans le vaisselier. Elle le porta à ses lèvres et but deux gorgées de la décoction. Un truc ayurvédique à base de réglisse, de gingembre, de basilic et de zestes d'orange dont la boite attirait l'attention au rayon des produits bio avec cette promesse : "Joie de vivre". Dans chaque sachet, une étiquette apportait un supplément d'âme à la consommatrice avide de bien-être, en l'occurence un message écrit en anglais. Celui qu'avait pioché Valentine disait "Am I ready to change myself ?". " Tout le monde aura reconnu le Yogi tea ! 

"Quelque chose se serre dans la poitrine de Valentine, on dirait qu'un poign se referme sur son coeur et le presse de toute sa force pour en extraire le jus, le sang, l'amour. Pour le réduire à rien, à une pelure morte et sans substance."

"A 50 ans, je me dis qu'on est parfois rien de plus qu'un petit garçon dans un costume de grande personne."

"J'ai compris qu'on n'est jamais plus fort qu'en prenant appui sur des modèles, des tuteurs, en s'érigeant des totems". 

29 novembre 2018

Les bracassées de Marie-Sabine Roger, encore une pépite.

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Pendant deux semaines, à chaque fois que je passais devant la librairie "la comédie humaine", je l'ai vu trôner fièrement en vitrine avec un gros post-it de recommandation du libraire.

Je résistais, parce que 20 € c'est une somme tout de même, il serait plus raisonnable d'attendre de le trouver à la bibliothèque.

Le jour où je m'étais finalement décidé à craquer, il n'était plus en vitrine.

Je me suis dit c'est un signe, je ne devais pas l'acheter. Sauf que je suis entrée dans la librairie quand même embarquant le dernier exemplaire rapatrié sur la table des nouveautés françaises. 

J'ai bien fait.

J'ai adoré, comme à chaque fois avec cette auteure, lire les tribulations de personnages attachants qui s'épaulent pour mieux avancer. L'écriture singulière de Marie Sabine Roger truffe le récit de tendresse, bienveillance et humour. Et ça fait du bien. 

Cette fois il s'agit d'Harmonie atteinte du syndrôme de Gilles de la Tourette et de Fleur agoraphobe et grande angoissée.

Ces deux là se rencontrent grâce à l'annonce que publie Fleur pour trouver officiellement une femme de ménage, officieusement quelqu'un pour garder Mylord, son chien, lorsqu'elle se rend chez son psy. 

Une fois l'étrangeté de l'autre apprivoisée, ces deux là forment un binôme qui fonctionne et donne la force de tout affronter. Surtout le regard des autres, ces autres qui les qualifient de bracassées. 

Autour de ces deux femmes, gravite une galerie de personnages un peu fêlées et tout aussi touchants. On les suit avec plaisir au bout des 300 pages et de leur projet dingue. 

Quant aux extraits là encore je ne sais plus où donner du clavier tant j'ai coché de pages...

page 19 "L'inquiétude agit sur moi comme une piqûre d'insecte, cela part de presque rien et puis ça se précise, ça gratte, ça démange, ça s'étend peu à peu, on finirait par s'arracher toute la peau du corps. Penser est un prurit. Ecrire me soulage. 

page 111 "il y a des gens qui vous aiment de travers, vous enveloppent d'un amour en coton épais filandreux pour protéger des chocs et que surtout rien ne vous fêle, qu'aucune aspérité n'arrache votre peau. Ce n'est pas bon d'être aimé de façon aussi précautionneuse. Maman me laissait faire du vélo du patin à roulettes et pourtant elle savait bien que. Le coton n'était pas dans le coeur de ma mère, il était dans la pharmacie à côté des pansements. Freddie m'aime d'un amour solide et résistant mais il n'a pas confiance en moi. Son amour me rassure mais il ne me grandit pas. Il me coupe les ailes, il ne me permet pas d'oublier comme le nid est haut tellement sur la branche et comme le risque est grand de vouloir le quitter. 

page 31 "chez moi c'est la Syrie chaque jour de la semaine tout est à réparer ramasser recoller ou jeter suivant le cas j'exagère bien sûr c'est plus grave en Syrie ce sont des gens qui pleurent pour d'autres gens qui meurent rien à voir avec moi Wouh-ah. Chez nous chez moi ça se situe entre la casse automobile et le tir aux pigeons d'argile. " 

page 35 la tristesse parfois ressemble à de la rage on peut mordre parce qu'on a mal. 

page 257 On continue à vivre ce n'est pas le problème, vivre c'est mécanique, il suffit de respirer de boire de se nourrir Ce qui gêne ce qui tue c'est toujours le regard celui qui vous détaille sans vergogne Celui qui vous évite par pudeur hypocrite mais vous file de loin Celui qui vous transperce ou pire celui qui ne vous regarde plus. Vivre n'est pas le problème C'est vivre ensemble qui.

page 258 Tout ce qui fait de nous ce que nous sommes absolument tout prend naissance dans le regard. Celui que les autres posent sur nous Celui qu'on pose sur nous-même sur le voisin l'ami l'ennemi la famille. (...) On ne peut voir le monde qu'avec ses propres yeux mais on peut décider de distinguer le beau dans le sigracieux le sublime dans le grotesque l'immense dans le minuscule Ne voir que ce qui dérange c'est du temps perdu sur le bonheur"

page 278 Comme on le dit si bien l'appétit vient en mangeant. J'ai souvent vérifié la véracité de cette phrase, mais je venais de comprendre qu'elle ne parlait pas seulement de nourriture. Faire donne l'envie de faire. 

L'avis de Mel 

27 novembre 2018

Une longue impatience de Gaëlle Josse, bouleversant.

une longue impatience 

Ce roman de Gaëlle Josse, je tournais autour depuis longtemps. Sans franchir le pas, sans oser l'acheter ni l'emprunter. Je craignais l'ambiance lendemain de seconde guerre mondiale dans un village de Bretagne et surtout la tristesse de cette femme qui attend son fils de 16 ans parti sans laisser d'adresse.

Charlotte avait tellement aimé ce récit et Madeline avait carrément qualifié cette lecture d'indispensable. J'ai donc fini par l'acheter pour mes vacances en Corse au mois d'août dernier.

Je l'ai emmené dans mes valises mais je lui ai préféré "La délicatesse du Homard" dont les pages se souviennent encore de l'eau salée qui les a gondolées. Bref, je ne l'ai pas ouvert craignant d'assombrir un ciel d'été sans nuage. 

C'est à l'automne que j'ai enfin décidé de me plonger dans ce livre à la couverture sépia. La mousse des cafés réconfortants, l'envie d'une écriture précise et émouvante, l'enfant qui grandit dans mon ventre, je ne sais ce qui a été déterminant...

Toujours est-il que je ne l'ai pas dévoré d'une traite pour ne pas le quitter trop vite. C'est un beau, un très beau roman qui dit la douleur d'une mère dont l'enfant est parti sans plus jamais donner de nouvelles. 

Nous sommes au lendemain de la seconde guerre mondiale, en Bretagne. La mer a pris le premier mari d'Anne. Le bateau de pêche d'Yvon a sombré sans que son corps soit retrouvé. De leur union Louis était né. Anne a du apprendre à vivre seule avec son fils. Jusqu'à la rencontre avec Etienne, pharmacien du village, qui a promis d'aimer et chérir le duo, la mère et l'enfant. Quelque chose a basculé lors des naissances de Gabriel puis Jeanne. Louis est l'enfant de l'autre. Un intrus qui doit se montrer discret et soumis. Le coup de ceinture de trop et Louis s'en va conformément aux souhaits inavoués du beau père. 

Anne est dévastée, perdue, désemparée. Elle écrit à Louis des lettres qu'il ne lira jamais. Elle lui conte par le menu le festin qu'elle lui cuisinera à son retour. Elle se tient debout chaque jour et attend son enfant. Elle revisite le passé, veut comprendre ce qui a pu déclencher son départ, en veut à Etienne de ne pas avoir tenu ses promesses, d'avoir écarté cet enfant qui n'était pas le sien. 

Je ne vous en dis pas davantage si ce n'est que l'écriture de Gaëlle Josse toute en pudeur et en émotions bouleverse. Je vous invite à le lire comme l'ont fait Charlotte et Madeline. Parce qu'en effet savoir poser des mots si délicats et si justes sur ce qu'être une mère veut dire est de l'ordre de la magie. 

Je pourrais vous extraire des tas de passages aussi beaux les uns que les autres. Il a fallu choisir. 

"Seize ans, à vif. Le temps de tous les tourments, des désordres, des élans, des questions, des violences contenues qu'un mot heureux pourrait apaiser, des fragilités qui n'attendent qu'une main aimante. L'âge où tout est prêt à s'embraser, à s'envoler ou à s'abimer. Je le sais, je suis passée par là. Les grandes marées du coeur. (...) Il faut du temps pour se déchiffrer à ses propres yeux. (...) Louis avance dans cette zone incertaine, entre le rejet et l'espoir, entre la défiance et une terrible envie d'être aimé. Comme nous tous." page 24

Page 147 : "Car toujours les mères courent, courent et s'inquiètent, de tout, d'un front chaud, d'un toussotement, d'une pâleur, d'une chute, d'un sommeil agité, d'une fatigue, d'un pleur, d'une plainte, d'un chagrin. Elles s'inquiètent dans leur coeur pendant qu'elles accomplissent tout ce que le quotidien réclame, exige et ne cède jamais. Elle se hâtent et se démultiplient, présentes à tout, à tous, tandis qu'une voix intérieure qu'elles tentent de tenir à distance, de museler, leur souffle que jamais elles ne cesseront de se tourmenter pour l'enfant un jour sorti de leur flanc."

Page 15 " Au lit, maintenant, les enfants. Je les accompagne jusqu'à leur chambre, où j'arrange une couverture, regonfle les oreillers, propose une peluche, ramasse un livre, un jouet à terre. Non, pas d'histoire ce soir, il est tard. Oui, je laisse la lumière dans le couloir, promis. C'est le temps des mots secrets, ceux qui permettent de dénouer la journée, de la reposer dans ses plis avant de la laisser s'enfuir, se dissoudre, c'est le temps d'apprivoiser la nuit, c'est le temps des mots sans lesquels le sommeil ne viendrait pas.Je plonge le visage dans la tiédeur des cous, des oreilles, des bras qui veulent me retenir, des doigts légers, un peu collants, qui caressent mes joues, je sombre dans la douceur des cheveux lavés, du linge frais. Chut maintenant. Il faut dormir. "

 

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L'avis de Noukette.  

27 août 2018

Linea nigra de Sophie Adriansen

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Linéa Nigra ou le pavé (493 pages tout de même) que j'ai dévoré à la vitesse de la lumière en décembre dernier. Je l'ai refermé avec les mêmes peur et envie mêlées de faire un enfant qu'avant de l'ouvrir.

La narratrice, Stéhanie, 32 ans, conciente que la fertilité diminue avec l'âge, en couple depuis peu avec Luc, sans vivre encore avec lui, pèse le pour et le contre d'avoir un enfant. Elle en conclut que ok, ils le feront, mais pas sans césarienne. 

Avant d'être enceinte c'était olives vertes et reuilly, amandes grillées et blanc de Loire quand il y avait réunion d'urgence avec son amie Méredith, c'est devenu noix de cajou et diabolo violette.

Au fond de Stéphanie, la blessure laissée par les vaines tentatives d'enfanter avec Guillaume (le syndrôme de la vitre étoilée), des peurs et notamment celle de tomber sur un corps médical qui ne soit pas bienveillant (les bouchers qu'elle a entendu discuter dans le train). Elle lit, se documente, imagine mais rien ne va se passer comme elle le rêvait. 

Sophie Adriansen aborde tout sur la grossesse et l'accouchement sans tabou au travers de l'histoire de sa narratrice. Et c'est une lecture qui a certainement participé à l'arrêt de mon contraceptif un mois après... 

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