Molière à la campagne de Emmanuelle Delacomptée, éclairant.
J'ai plongé illico dans l'histoire de cette jeune agrégée de lettres parisienne nommée dans un collège de province normande. Chaque semaine elle se tape des heures de car pour assister à ces deux journées de formation à l'IUFM d'Evreux. 71 kms séparent les deux établissements. Beaucoup plus en réalité car le fossé entre le charabia académique ( "lecture prospective, contamination lexicale et contamination morale" les parents d'élèves sont des "géniteurs d'apprenants", le "reférentiel bondissant oblique" est le ballon de rugby par ex) qu'on demande aux enseignants d'intégrer et la réalité du terrain est immense. Les modules sur les conflits en classe arrivent en milieu d'année quand le mal est déjà fait et ce n'est pas la coach qui fait faire des vocalises qui aide beaucoup. J'ai découvert l'absurdité des affectations et l'équation impossible à résoudre pour ses apprentis enseignants : s'adapter aux élèves tout en répondant aux exigences de l'inspecteur. Je dis souvent que le métier d'enseignant est l'un des plus difficiles mais je n'avais pas pris la pleine mesure de la faiblesse de leur formation. Il leur manque les clés pour établir la juste distance avec les élèves, les motiver de manière ludique. Ils apprennent sur le tas après s'être pris quelques coups... Je vous recommande la lecture de ce livre éclairant. Je serai curieuse de lire la suite, le regard de l'apprentie, après 8 ans d'experience, a forcément changé et la manière d'enseigner aussi.
"Je ne supporte plus ce verbiage insensé que nous imposent des théoriciens perchés pendant qu'on rame sur le terrain."
"Peu importe qu'ils retiennent le passé antérieur. Je me dis que je ne les encourage pas assez, que je ne leur fais pas assez de compliments"
" vous devriez garder les jeux pour la fin de l'année, jeune fille."
Lu dans le cadre du prix Elle 2015