Mon festival de la correspondance à Grignan
Prenez une ville adossée à un rocher et surmontée d'un château. Arpentez ses ruelles et découvrez que les façades des maisons sont parsemées de plumes rouges.
Vous croisez alors Michel Vuillermoz, Delphine de Vigan, François Busnel, Lea Drucker, Murielle Magelland, Jacques Weber, Claire Chazal, Eric Ruf, Evelyne Bouix et Christophe Malavoy. Vous n'avez pourtant pas vu de plage. Non, puisque vous n'êtes pas sur la croisette.
Les cigales chantent et les lavandes s'épanouissent.
A tous les coins de rue vous découvrez des chambres d'écriture. La ville est envahie par les bouquinistes.
Pas de doute vous êtes en plein festival de la correspondance, à Grignan.
Et si vous voyez des statues de la liberté partout, c'est normal, ce sont les lettres d'Amérique qui sont à l'honneur cette année.
Jeudi 4 Juillet à midi
Entrer dans un jardin privé, écouter Michel Vuillermoz lire les lettres d'Hemingway. Le temps s'arrête.
Pouvoir le remercier en sortant et lui dire combien j'ai aimé l'avoir dans mes oreilles en livre audio (Fred Vargas).
A 14H30, aller écouter le biographe et traducteur de Henri David Thoreau, Thierry Gillyboeuf qui, comme il le dit lui même, en a pris pour 15 ans en s'attelant à la traduction du journal de cet homme.
Et dire que les livres de Thoreau ne se vendaient pas lorsqu'ils ont été publiés... Il prétendait avoir 900 livres dans sa bibliothèque dont 700 étaient les siens. Etonnant car cet homme est intuitif, autodidacte, bourré d'humour et doué pour le poème en prose et les descriptions.
M'amuser des sourcils bondissants de l'animateur de la rencontre aux questions pertinentes. Accrocher au crédo de Thoreau : la première réforme à entreprendre c'est la réforme de soi. La Nation dépend de la personne que vous décidez d'être chaque matin. Apologue de la lenteur et de la décroissance, Thoreau entretenait une relation fusionnelle avec la nature.
Acheter la biographie, le journal et 7 jours sur le fleuve. Thoreau addict.
Cette carte est imprimée par Draw Draw.
Jeudi toujours, 17H,
Retourner dans ce jardin privé qui laisse entrer le mistral. Voir Thoreau s'incarner en la personne d'Eric Ruf qui lit sa correspondance. Tomber amoureuse du texte et de l'acteur, forcément. Moment d'éternité.
S'attarder dans les rues pour s'imprégner de la musique. (sur la photo ce n'est pas flagrant mais le jeune femme de droite au violon prenait un plaisir communicatif à jouer)
Vendredi 5 juillet 17H
Avoir la chance de boire un café en compagnie de Murielle Magelland qui a mis en lecture le spectacle que je m'apprête à voir. Lui avouer que j'ai choisi cette lecture à la seule vue de son nom.
Echanger avec elle sur l'écriture puis s'avancer vers un nouveau jardin privé.
Le mistral a un peu diminué, le soleil non, et tant mieux, comme ça je peux garder mes lunettes de soleil. Mes yeux sont devenus aquarium en cours de lecture.
Le texte de Carine Lacroix est fort, OcéaneRoseMarie mêle voix et guitare et intensifie les émotions portées par la belle interprétation de Léa Drucker. Murielle a donc orchestré ce trio avec brio. Chapeau les filles !
Samedi 6 juillet à midi.
Robe blanche, ballerines et boléro noirs, queue de cheval et lunettes à grosses montures, la Sylvia Plath qu'interpréte Caroline Proust ce pourrait être une jeune femme d'aujourd'hui.
Elle alterne franche exaltation et découragement, éclats de rire et tête dans les mains.
Elle est sagement assise, se dandine ou s'assoeit sur la table.
La palette d'émotions est riche et on les vit toutes tant l'actrice est douée.
On reste bouche bée quand elle tire sa révérence. Applaudissements nourris.
Bluffante décidemment les femmes à Grignan !
Prendre la plume dans quelques chambres d'écriture puis la route retour (et là Viviane, qui anime mon atelier d'écriture dirait : oh le beau zeugma!)
Dimanche 7 juillet 19h, bouquet final avec Jacques Weber et les lettres de Truman Capote.
A sa décharge une chaleur féroce, un soleil qui n'en finit plus. Mais tout de même, le sentiment que ce grand acteur/ lecteur découvre le texte comme nous. Dommage.
Un dernier verre avec la comtesse avec l'envie de lui faire la promesse de réserver ma première semaine de juillet 2014...
Visuels d'affiches non retenus , entre autres :
Brèves de festival : "elle s'est améliorée Claire Chazal, vous ne trouvez pas ?"
" Quand on est écrivain de toute façon on devient fou, à force de se regarder le nombril".
"Vous savez j'assiste au festival depuis 17 ans et je regrette les premiers temps : tout ou presque était gratuit et il y avait des feuilletons".
"mais si ! vous savez, elle a joué dans Engrenages (en parlant de Caroline Proust)".