Ma semaine d'écriture en Drôme provençale
Jour 1.
Les odeurs de genêts et de tilleuls s'engouffrent dans l'habitacle à mesure que je m'approche de la destination.
On arrive, on s'installe, on s'imprègne. On déjeune de caponata, de fraises, de salade de carottes fabuleuse (merci Hélène) de chocolats Valrhona (rha Luce qui vous raconte les arômes et les odeurs, c'est un bonheur !!!).
On va cueillir des cerises pour les clafoutis à venir, du tilleul pour les tisanes du soir, on constate que la lavande et les abricots ont du retard, on écoute le vent souffler dans les blés.
On regarde de tous les côtés et à chaque fois on s'extasie, à voix haute ou pas. On va être bien là pendant une semaine pour écrire. Coupées du monde (ni téléphone, ni internet, chouette).
On va boire l'apéro au bistrot de pays.
Jour 2.
A 9h c'est parti, on écrit. Là c'est le drame, il faut le faire à la manière de Maupassant. Pendant quelques secondes, je me dis, qu'est ce que je fous là ? avant qu'une Isaline perchée sur des talons déambulant dans une rue pavée fasse son apparition dans ma tête. Mon histoire commence...Vincent rapplique sur la terrasse de café. Il voit la belle chercher son équilibre.
Après le dejeuner, trouver un coin tranquille pour taper l'écrit du matin.
Nager pour diluer ses mots dans le bleu de la piscine.
Etre contrainte de tuer un scorpion dans la salle de bain (j'ai essayé de lui garder la vie sauve mais il a refusé). Mon karma en a certainement pris un coup.
A 17h se retrouver pour poncer ensemble nos textes. A 20H déguster le bon vin bio du coin. Ne pas souffrir du tout de la deconnexion, comme quoi. (pourtant dieu sait si je suis addict)
Jour 3.
J'ai rêvé de scorpions toute la nuit. Le mistral charrie du gris. Nos polaires et nos jeans sont de sortie.
Je médite d'habitude le matin. Les filles me suivent, ça leur dit bien. Christophe André nous guide. (il est dans mon iphone).
Puis Viviane nous glisse quelques indices pour continuer notre histoire de la veille ou en démarrer une toute neuve pour celles qui ont fait chuter leur récit de la veille. C'est reparti. Isaline et Vincent sont bien présents. Mais également les personnages des autres : Monsieur Zlotti et Madame Rose (je les adore), Lily (elle aussi je l'aime), Amine, Diane et Ryan, Alice, Le fils du préfet. Ils nous accompagnent même pour déjeuner nos personnages. Je parviens à peine à m'en défaire l'après midi.
Je ne peux pas lire vraiment de romans...Je file zoom au cou découvrir Saint Sauveur.
Jour 4.
Méditation du bonheur. Encore un petit peu d'huile pour relancer la machine : une image ou deux, un titre parfois. Nos histoires prennent de l'épaisseur, nos personnages aussi.
On croque dans des amandes et des noisettes, on boulotte comme des écureuils et l'après midi le gingembre confit nous fait tousser et pleurer tant il est fort...
On réecrit, on coupe, on reconstruit, un bout de phrase ici passe là. On remet en bouche, ah, ça sonne mieux là !
Jour 5.
Pas de méditation ni d'écriture ce matin, nous prenons pleinement conscience des bruits du marché de Buis les Baronnies et nous nous imprégnons de tout pour rebooster nos plumes.
La coupure est la bienvenue. On fait le plein d'odeurs, de couleurs, de saveurs. Je trouve mon zafu. Enfin.
On se retrouve en terrasse pour boire nos habituels jus de tomates et d'abricots, bières et panachés. Question noisettes et amandes Luce nous a ravitaillés.
Le soir, après la sieste, c'est jeux timés et parfois rimés : des accroches et 7 ou 12 minutes pour écrire un texte. L'exercice nous plait beaucoup et les résultats sont étonnants.
On se dit quand même une semaine c'est court, on déborderait bien un peu. Il faut dire qu'on est "chaudes" là et que la complicité et la force de notre groupe de nanas donnent des ailes.
Le soir on partage notre soupe au pistou et un de nos clafoutis avec Jean Marc qui a su créer ce petit paradis.
Ah, le vin blanc de Rieufrais...
Jour 6.
Rebelotte méditation amour et lien. Elle nous serre le coeur celle là. On oriente nos pensées vers quelqu'un.
Ecriture. Et là, pfiou, quelle galère, j'écris beaucoup, je rature tout autant, il ne me reste pas grand chose à lire et le ton est différent. Voilà que j'experimente l'écriture au long cours et comme pour tout, il y a des jours avec et des jours sans. C'est un jour sans.
Jour 7.
Dernier matin. Pas de méditation mais c'était tout comme : un moment magique : délester tout ensemble les branches d'un tilleul de ses fleurs odorantes pendant que Luce nous contait une histoire...c'est un peu comme écosser les petits pois sur une table en fer forgée dehors avec une tante, une maman...délassant.
Dernière session d'écriture. On se fait une tournante entendez par là qu'on écrit un texte à trois, l'une commence, la deuxième poursuit et la troisième conclut. Résultats inattendus !
Dejeuner de restes. Du mal à décoller, on papote sur la terrasse, on visite les autres gites et puis on se décide à prendre la route. Certaines se perdront encore, emprunteront des chemins trop étroits, d'autres se demanderont à l'arrivée comment c'est possible qu'il fasse aussi froid en juin.
Quant à moi j'ai eu un mal fou à revenir à la vie normale. Même les bouchons grenoblois n'ont pas eu raison de ce drôle et agréable état dans lequel j'étais plongé.
Depuis, je lis et je cuisine des kilos d'abricots achetés sur le chemin du retour. Je sais déjà que l'année prochaine j'irai écrire en Drôme provencale et qu'en attendant je vais laisser courir mon stylo sur le papier, encore et encore...
Merci Viviane, animatrice bienveillante et guide dans la forêt des mots.
Merci Luce, Sylvie, Viviane 2, Hélène et Ghislaine, mes compagnes d'écriture.
"Laissons flotter les rubans !"
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