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Les facéties de Lucie
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20 juin 2013

Le corail de Darwin de Brigitte Allègre

photo-11 

"L'envie de troquer leur coquille pour une autre" est le coeur et le moteur de cette histoire qui se noue entre Livia, la romaine et Vigdis, l'islandaise. Le temps des vacances, elles échangent leurs maisons.

En amont, de nombreux mails entre les deux femmes qui se racontent sans fards parce que cachées derrière l'écran avec l'assurance de ne jamais se rencontrer et dans une langue neutre, l'anglais. 

Vigdis l'islandaise vit depuis si longtemps avec Sesil qu'elle connait toutes ces répliques par coeur et aimerait bien qu'il change de disque. 

Livia, l'italienne, vit avec Gabriele, enfin quand il n'est pas vingt mille lieues sous les mers à souder des pipelines. C'est à dire quasiment jamais. Ils communiquent par lectures interposées et ont tout de même eu le temps de se croiser pour concevoir Chiara, leur fille.

Livia rend visite chaque jour à son père, Tancredis, dont la mémoire flanche. Il la prend pour sa secrétaire, c'est dire !

En même temps que sa maison, Livia échangerait bien sa mère. Le choeur qu'elle forme avec celle de Gabriele provoque chez Livia des acouphènes. 

Brigitte Allègre nous donne d'abord à lire l'arrivée de Vigdis et Sesil à Rome, puis fait un flashback pour rappeler la génèse de l'échange et on part avec elle en Islande pour vérifier le sens de l'hospitalité de Magnus, le frère de Vigdis, chargé d'accueillir les romains. Le tout est entrecoupé des fragments de Tancredis, le père de Livia, qui écrit depuis l'institut où il est placé pour se libérer d'un passé un peu lourd. 

L'histoire tourne au film catastrophe, les éléments s'emballent, la météo s'inverse : En Islande c'est canicule et pluie de cendres pour cause de volcan en éruption et en Italie un violent déluge transforme Rome en Venise. 

C'est alors que les maris ont droit, comme Tancredis, à leur "pète au casque". Le cerveau de l'un s'enrhume et l'un des vaisseaux craniens de l'autre cède. Les femmes se retrouvent seules. Enfin pas longtemps. Vigdis retrouve Gisèle la mère de l'italienne et Livia est chaperonnée par Magnus, le frère de Vigdis. 

Quand la cendre va refroidir et le niveau de l'eau redescendre après ça, pas sûres qu'elles aient envie de retrouver leurs vies et le rituel qu'elles avaient inventé pour la supporter...

Un très beau roman qui évoque la complexité des relations hommes/femmes, parents/enfants. Il faut dire que tout est affaire de communication...

Comment exprimer ce que l'on ressent quand on a le sentiment que l'autre sait déjà tout, quand on n'a pas les mots pour le dire, pas le temps, quand on ne reconnait plus les siens ?

Il y a le corps mais surtout les livres, l'écrit, cette trace de soi qu'on laisse en héritage.

Des souvenirs révisités, réecrits, qui deviennent la mythologie familiale. Une part de vérité, une part de fiction et voici un conte en somme.

Cette histoire recomposée forme un socle minéral sur lequel le corail peut se développer, une nouvelle forme de vie s'installer. 

Le procédé de la catastrophe naturelle est intéressant en ce qu'il oblige nos héroïnes à se recentrer sur l'essentiel, à se poser les questions qu'elles étouffent d'habitude dans leur train train quotidien.

Plus rien ne les coupe d'elles mêmes puisque les liens avec l'extérieur sont tous rompus. Dès lors il leur faut décider : continuer sur le même chemin ou bifurquer. 

Le billet de Clara, qui a beaucoup aimé elle aussi l'écriture de Brigitte.

Quelques extraits parmi tant relevés...

"A trop en dire, on finit par en vouloir à celui qui écoute".

"Elle va mieux. La banquise sous ses pieds vient de regagner en épaisseur. (...) de nouveau, la banquise sous ses pieds s'amincit, au point de voir l'eau par transparence."

"La brièveté et l'intensité du présent, la certitude de l'amour des corps, contre la promesse floue de l'éternité."

"Le corps, si on ne le brusque pas, se règle de lui-même". 

"Il a mis le doigt sur l'éxacte fonction des animaux au sein d'une maisonnée. Permettre de parler de tout autre chose que ce qui importe, épingler sur eux des sentiments qu'il serait difficile d'exprimer à ses proches."

Ce livre voyage, il part chez Mirontaine, alors si sa lecture vous tente faites moi signe ! Vous pourrez vous amuser à retrouver la phrase que j'ai aimé sur chacune des pages que j'ai cornée. 

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Commentaires
A
J'ai bien aimé mais je ne l'ai pas mis dans mes coups de coeur... ;) Peut-être trop de rebondissements atmosphériques ?
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J
ça a l'air très bien mais pourquoi ce titre ?
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S
J'ai bien aimé mais j'ai trouvé quelques longueurs tout de même...
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L
Dans ma PAL et tu me donnes une folle envie de l'en sortir immédiatement ;0) Mais de toute façon, il était déjà dans ma pile "urgente" à lire cet été !! Tout ce que tu en dis m'y attire irrémédiablement !!!!
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