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Les facéties de Lucie
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17 mars 2013

Et n'attendre personne de Eric Genetet

genetet 

"Et n'attendre personne" c'est une histoire de mécanique, la vraie celle qui permet de vidanger les voitures et celle de l'amour, du coeur.

Mais il est aussi question de maçonnerie, de construction dans ce roman.

Il y a des légos qu'on assemble en tours multicolores pour oublier l'absence d'un père qui à force de mettre les mains dans le cambouis finit par rouler vers d'autres horizons.

Il y a cette histoire d'amour qu'on croyait faite de béton brut et dont finalement les pierres se désolidarisent parce que le ciment s'effrite.

Il est question de photographie aussi, celle qui immortalise avant que le zoom ne s'affole et peine à faire le point. 

Alberto, Reflex autour du cou, pensait que le couple qu'il formait avec Isabella avait traversé les pires intempéries. Il n'avait pas songé à l'appel d'air que constituerait le départ du fils unique.

Tout bascule et les litres de glace Macadamia Nut Brittle de Häagen-Dazs ne sont d'aucune aide pour ressouder le couple vieux de deux garanties décennales.

Isabella part animer une radio belge et rejoindre un homme, c'est ce qu'Alberto imagine. Voilà ce mari tiraillé entre le désir de la reconquérir et celui de se laisser porter par le vent nouveau qui souffle sur lui et se prénomme Lola. 

Doit-on échaffauder pour refaire les joints de l'ancien mur ou en construire un nouveau ? Retaper et faire rouler la vieille gimbarde chargée de souvenirs ou la laisser au garage et en acheter une autre ? Restaurer les photos des jours heureux ou se créer de nouvelles images ? 

Aux carrefours de nos vies, on ne sait pas toujours quelle direction prendre. On se demande même ce qui nous avait amené sur notre chemin actuel quand vient ce moment où il devient chaotique à force de nids de poule. Y rester c'est un coup à ruiner les amortisseurs mais le quitter réveille nos peurs...

Un roman qui m'a beaucoup plu vous l'avez compris. 

Clara a aimé le sens de la formulation de l'auteur (sauf "le mélo nostalgique") mais n'a pas aimé les hésitations de cet homme qui vit crises du couple, du travail et de la quarantaine et le fait que l'auteur utilise la ficelle secret de famille pour expliquer les atermoiements d'Alberto.

Myriam Thibault a trouvé le style chaleureux et loue dans ce roman la beauté des émotions et des sentiments passant du bonheur à la tristesse. 

Extraits : 

"Mme Weber portait les épreuves de la vie et une robe à fleurs de toutes les couleurs sur sa peau abîmée." p 53

"Ce n'était peut-être pas moi qui avais changé, mais nous, notre vie, notre façon de faire attention à l'autre" p 57

"Il n'existe aucun modèle de pansement pour le coeur" p 87

"Tu vas perdre ta vie à vouloir trop bien la penser" p95

"On écrit à un moment de sa vie et le texte ressemble à ce que l'on est, à ce que l'on a compris ou pas de son propre parcours. C'est le même mécanisme pour le lecteur, il reçoit le livre comme un miroir, parfois il a envie de se fondre dedans". page 141

"Je regardais les flocons qui tombaient plus doucement que d'habitude légers comme des plumes, comme si les anges avaient organisé une bataille de polochons" page 119 (me rappelle mon post FB du 23 février "Dieu doit se livrer à une sacrée bataille de polochons là-haut pour qu'autant de plumes virevoltent dans le ciel..." je me demandais avec qui il s'amusait : des anges donc !)

"J'avais rencontré celle que j'attendais. Elle était l'espoir qui détraquait la grisaille, un vertige éblouissant, du sens dans la méncanique obscru de l'amour. Les convictions d'Isabella gommèrent les traits sombres de mon caractère, les tâches noires sur le tableau." page 10

"Dans le TGV Est, les guerriers surentraînés de la grande armée de la culpabilité marchaient au pas pour me faire la peau". page 52

Edit de 10h42 : j'avais lu en 2008 le premier roman de cet auteur "le fiancé de la lune". Il y a 5 ans j'étais encore remplie d'illusions sur le couple et je peinais à concevoir l'infidélité. J'avais donc aimé ce roman pour le point de vue masculin, et ses jolies trouvailles stylistiques mais moins pour l'histoire qui m'avait paru trop sombre. Depuis de l'eau a coulé sous les ponts (formant parfois de sacrés bouillons) et mes illusions se sont envolées ...je devrais peut être le relire tiens. 

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Commentaires
N
"Attendre est encore une occupation. C'est ne plus attendre qui est terrible". (Cesare PAVESE)
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L
@sylire : fonce, il est bien écrit.
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S
Un thème qui me tente beaucoup je dois dire !
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