Cherche jeunes filles à croquer de Françoise Guérin

 

Pour qui cherche jeunes filles à se mettre sous la dent, celles qui ont disparues dans ce roman n'ont rien d'apétissant.

Pas de joues à pincer, de fesses rebondies ou de jambes potelées.

Tout l'inverse : de la peau sur des os.

Comme cela ressemble à une fichue série et qu'on craint de ne pas les retrouver vivantes ces jeunes filles, on dépèche le profileur spécialisé dans les tueurs qui se répètent : le commandant de police Eric Lanester.

Le hic, c'est qu'on n'a pas encore trouvé de corps, qu'il lui faut collaborer avec la gendarmerie et son commandant Pierrefeu si parfait et composer avec sa propre équipe de névrosés.

Il a déjà fort à faire avec ses propres démons qu'il combat à coup de séances avec son analyste pour "mettre un bord à l'horreur". 

Ce roman policier contient absolument tout ce que j'aime 

• des litres de café.
• de la psychologie, pas celle du café du commerce, la vraie. Et ça vous épaissit une intrigue comme la fécule de maïs une sauce !
• un équipe de bras cassés bien plus efficaces qu'ils ne le laissent paraître.
• pas trop d'hémoglobine.
• des suspects à la pelle et donc des tas de pistes bonnes ou mauvaises.
• un thème qui me touche : l'anorexie mentale.
• un enquêteur qui a la tête en pagaille, une faible estime de lui, qui pratique l'amour à reculons et manage son équipe au feeling et à l'affectif.
• un commandant de gendarmerie qui m'a fait penser au blond dans les sketchs de Gad Elmaleh. Il sait où il va, il est plein d'assurance, son autorité est naturelle. Ce meneur d'hommes est à peine marqué après une nuit blanche quand Eric Lanester s'endort pitoyablement en pleine journée et tourne au café.
• une lieutenant geek qui jure comme un charetier et donne du "mon coco" "mon lapin" à ses collègues
• un émincé de st Jacques cerné de tagliatelles de légumes et réhaussé de pignons de pain grillés et une compotée tiède d'artichauts violets qui fond délicieusement sur pain grillé.

Bref, vous l'aurez compris j'ai dévoré ce roman sans jamais faire d'indigestion. Pire j'en redemande ! Je vais donc lire vite fait "A la vue, à la mort" avant qu'il ne soit adapté à la télé.

Merci Françoise Guérin et merci Antigone de l'avoir fait voyager jusqu'à moi, il reprend sa route vers Mireille qui j'en suis sûre saura lui ouvrir les bras et accueillir Eric et son équipe !

"C'est une chose bien étrange: on ne se souvient vraiment qu'on a un corps que lorsqu'il nous fait souffrir, comme si le reste du temps cela allait de soi"

"À quoi est ce qu'on se tient, dans la vie ? A son boulot ? A son savoir ? A l'image qu'on renvoie à l'autre? Ou bien à son histoire ? Et quand l'histoire est branlante, on fait comment ?" 

"un écrivain n'invente pas à partir de rien. Il observe, il puise en lui. Il transforme le réel."

"Puissance du souvenir que des décennies de refoulement ont protégé de l'érosion du temps. Avant même que je l'énonce, mes muscles en connaissent déjà la teneur."

"-j'ai du monde à table.

Quand Bella [légiste] a du monde, c'est rarement pour prendre l'apéritif. 

-A table...tu veux dire...sur la table ?"

"Qui sait pourquoi un être choisit d'attenter à l'édifice fragile de son corps ? Choisit-il vraiment d'ailleurs ?" 

Le billet d'Antigone, de Clara, Gwen et  Cathulu, mon quatuor infernal de prescriptrices de la première heure (auquel s'ajoute désormais Charlotte.)

Le site de l'auteure

Comments

[Miss Alfie]

Noté sur ma liste. Je viens de voir que Keisha en faisait un livre voyageur...

[Antigone1]

Je ne suis pas étonnée... c'est un excellent policier !! Et ton billet est très bien fait, il me donnerait presque envie de le relire, tiens ;). Tu vas aimer "à la vue à la mort" !

[keisha]

J'aime bien la liste des raisons..Je l'ai lu mais attend un peu pour faire un billet commun avec le premier paru...