"La part manquante" de Christian Bobin
Dans ce recueil de textes de Christian Bobin, il est question de la part manquante et pas seulement dans le premier texte ainsi titré.
C'est le vide laissé par l'enfant qui quitte la mère, par l'amour qui s'éteint ou jamais ne s'en vient, ce vide qu'on porte en soi et nous fait douter de l'utilité de notre vie ou permet à l'autre de nous aimer pour le combler.
Il est question de néant, d'absence, de vide, de creux, de rien. Qu'on cherche à les remplir ou non.
J'y ai lu la solitude que nous fuyons ou que nous recherchons mais qui est notre lot à tous.
Je n'ai pas vu autant de lumière dans ce recueil que dans Ressusciter ou bien c'est moi qui n'était pas dans la même disposition quand je l'ai lu...
Extraits :
"Il faut tellement de temps pour s'atteindre. On prend un livre dans ses bras, puis on le quitte, on va vers le suivant. Les livres on y chemine, on les traverse. On les oublie. Parfois, c'est autrement. Parfois on reste auprès du livre, auprès du feu. Parfois on sait que l'on a tout trouvé, en une seule fois, en une seule phrase."
"la pensée infidèle c'est déjà la fin de l'amour".
"Il y a un usage carcéral de la lecture. Il y a un bas usage de toute chose comme de tous sentiment. Il y a cet usage qui qui transforme tout en sang épais, en sommeil noir : de quoi, peut-être, aller d'une heure à la suivante. Vous prenez soin de n'appeler personne. Puisque personne ne pourrait rien. Puisque rien ne vous arrive."
"Les enfants vont et viennent. Ils entrent pour une seconde, arrachent un morceau de pain, fouillent dans le frigo, retournent en courant vers le sérieux d'un jeu, dans la rue. Ils oublient de fermer les portes ou bien ils les claquent trop fort."