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Les facéties de Lucie
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17 février 2013

C'est la reprise de l'atelier de Gwen et ça va faire toute une histoire !

cerisier

Gwen nous cite un extrait du dernier roman de Hubert Haddad, Le peintre d’éventail, et nous propose de continuer l’histoire à notre guise : 

"Un amant silencieux était pour elle une bénédiction. Celui qui se tait n’attend rien de vous. Les peaux suffisent amplement au dialogue. Quelques baisers, la cigarette qu’on échange, un sourire après l’amour, et la présence du jardin, si proche…"

Elle ne connaissait pas grand chose de lui. Ni lui d'elle. A part le goût de sa peau, le dessin de ses lèvres, sa voix rauque pendant l'amour, ses yeux qui pétillent d'envie. Son impatience quand il la retrouve. Son appétit d'elle. Jamais rassasié.

Leurs rendez-vous étaient comme des parenthèses dans leurs vies. Des îlots d'inconscience, de lâcher prise, faisant fi de l'imperfection des corps. Tout paraissait si facile et évident. Les mains n'hésitaient pas, se logeaient facilement. Aucune zone n'était interdite, l'exploration était totale. L'abandon aussi.

Entre deux étreintes, une douche brûlante, une thé vert aux agrumes, du tabac qui laissait sur sa peau à lui un goût qu'elle aimait. Des rires, des baisers sur le front. Elle reposait sa tête sur son épaule. Et, immanquablement, leurs corps s'éveillaient à nouveau, leurs lèvres se cherchaient, leurs langues se retrouvaient. Leur désir ne restait pas longtemps en veille. La peau redevenait incandescente, le souffle court. 

Le sommeil venait finalement les cueillir. Ils se perdaient dans des lits trop grands. Au lever du jour, les yeux encore fermés, ils se rapprochaient doucement. Dernière pulsion de vie avant de retourner chacun vers la sienne.

Leurs regards étaient perdus dans le vague au petit déjeuner. Lui pensait déjà à ses premiers rendez vous professionnels et répondait à ses e-mails. Elle pensait au déjeuner à préparer, à l'entretien annuel avec son directeur.

Le quotidien tiède les avait rattrapé.

Par la fenêtre, selon la saison, elle apercevait des flocons qui s'accrochaient aux branches du cerisier ou des fleurs blanches annonciatrices des fruits grenats qu'elle dégusterait l'été. Elle frissonnait  les matins d'hiver, la chaleur de sa tasse au creux des mains impuissante à la réchauffer. Au printemps, un rai de soleil venait lui caresser le dos.

Ils se quittaient toujours avec très peu de mots. Ils se murmuraient des "merci" entre deux baisers. Ils savaient qu'ils se reverraient. C'est la seule promesse qu'ils se faisaient. 

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Commentaires
L
@l'or des chambre : merci ! bon dimanche aussi (pour ce qu'il en reste)
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L
Très joli texte Lucie, quel pouvoir d'évocation :0) <br /> <br /> Bon dimanche
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F
Joli texte Lucie! Tout en simplicité et en douceur comme un jardin qui se réveille, en bonne adéquation avec la citation de Haddad.
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Les facéties de Lucie
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