Une photo, quelques mots (51)
Assise depuis quelques minutes déjà, occupée à regarder ces deux p'tits gars.
Aucun lien de parenté, ce ne sont ni mes enfants, ni mes neveux, pas ma nichée.
Ce sont les deux oiseaux de l'homme que j'aime. Ceux qui le font être père, ceux qui le remplissent de fierté.
Ils ont les cheveux de leur mère, ils sont inventifs comme le papa. Ils ne me connaissent pas.
Je les ai déjà vu en photos, je connais leurs petites manies, j'ai souvent entendu leurs voix ou leurs rires quand j'avais leur père au téléphone.
Partie de pêche improvisée, ils ne se savent pas observés.
Celui de gauche c'est Eugène, une pile électrique, un hyperactif, prêt à toutes les bêtises.
A droite, c'est Clément. Il contemple, c'est un calme, il suit son frère et joue les médiateurs quand la colère parentale monte.
Ils ont un an d'écart et sont inséparables.
Ils passent avant tout, avant nous. Je le sais, c'est normal. Je suis la cerise sur le gâteau, pas la génoise, je suis la fantaisie pas la vraie vie.
Distraction, déraison.Le diable en somme dans leur maison. Je fais trembler les murs pas les fondations. Magnitude insuffisante pour ouvrir une faille.
Relation évidente mais obstacle de taille. Construction en cours sur des restes d'amour, ne pas déranger, chantier interdit au public, port du casque obligatoire, éclats de voix et bris de verre...
Propriété privée, priée de me trouver un autre terrain, et pourtant pas envie de passer mon chemin.
Image proposée par Leiloona tirée de la très jolie galerie de Romaric Cazaux