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Les facéties de Lucie
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26 septembre 2012

Que nos vies aient l'air d'un film parfait de Carole Fives

Mise en place du décor, contexte parfaitement imagé. Les années 80, Gainsbourg le scandaleux qui brûle 500 francs dans notre petit écran, les sous-pulls qu'on peine à enfiler et qui font se dresser les cheveux sur la tête, la purée Mousline, Fantomette, Les cités d'or.

Carole Fives y place le récit d'un divorce à une époque où cela se faisait encore peu, où l'enfant de divorcé était denrée rare dans les cours d'école, où l'on donnait systématiquement tort au père et on lui présentait la facture au passage. Une époque où l'on vous regardait de travers lorsque vous osiez divorcer. 

Ici mari et femme se séparent et emportent chacun la moitié des meubles et de la fratrie : au père la fille, à la mère le fils, car la soeur est le portrait craché du père. Mais si l'on peut séparer deux chevets sans dommage, il n'en est pas de même de deux enfants dont les veines abritent le même sang.

A travers les récits croisés de la mère dépressive, du père qui culpabilise et de la soeur qui a "vendu" son frère, on perçoit la douleur de la séparation et l'instrumentalisation du fils prié de rester dans les jupes de sa mère qu'elle essaye de faire virevolter pour d'autres hommes. 

On lit les sentiments premiers : le ciel tombe sur les têtes, le monde s'écroule. Puis, après le cataclysme chacun retrouve un logement de fortune, les enfants naviguent entre les deux, le coeur se serre le dimanche soir, même le plus costaud des papas pleure, la mère frôle l'hystérie, souhaite le malheur de l'ex mari, pour qu'il en bave lui aussi. Démarre une valse de beaux pères et belles mères et une procédure de divorce qui n'en finit pas.

On lit la crainte du père de perdre l'amour de ses enfants, la difficulté de refaire sa vie.

Mais fallait-il se contenter de la tièdeur des cendres d'un amour autrefois feu ardent ? Mettre son coeur en pause pour protéger les enfants ? Se décréter uniquement parent et enterrer l'homme ? Ne pas vivre en somme...

Ce roman choral de Carole Fives m'a laissé un sentiment étrange, une légère amertume. Parce que la quasi-totalité du texte nous propulse dans les plombants nuages formés par le divorce de ce couple. On attend l'éclaircie...

Quand on souffre d'avoir été quitté, on fait parfois n'importe quoi, on fait payer les autres, on manipule, on se torture, on veut savoir comment l'ex parvient à vivre sans nous, on voudrait surtout qu'il n'y arrive plus, on tente de s'étourdir dans de nouveaux bras, on pense qu'on va mourir. Emporter ses enfants dans ce tourbillon d'émotions, eux qui sont des petites éponges, cela paraît évidemment destructeur et egoïste. Mais c'est parfois bien plus fort que nous...

Heureusement nos enfants ont une capacité de résilience insoupçonnable, font preuve d'une incroyable lucidité et d'une compréhension étonnante. La fin de ce roman nous le rappelle et apporte une touche de lumière à l'ensemble, une bouffée d'air (j'ai presque envie de dire ouf...).

Un premier roman à lire donc. 

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Commentaires
L
c'est un texte vrai, humain, sincère. j'ai beaucoup aimé. Tu en parles bien!!
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T
justement, j'ai réunion du comité de lecture de la bibli cette aprèm; je le mets sur ma liste. Merci Lulu!
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L
Mince alors ! Je suis moins enthousiaste que vous toutes !<br /> <br /> (Antigone)
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C
J'aime beaucoup la chanson de Lio, mais je ne sais pas, ce "sentiment étrange", cette "légère amertume" - ça ne me donne pas plus envie que ça!!<br /> <br /> Belle nuit Lucie!
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L
@lorette : je te le mets de côté !!
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