Une photo, quelques mots.
Lien vers la galerie dont est extraite la photo.
Comme chaque semaine Leiloona nous propose une photo. On s'en inspire pour écrire et on publie. Allez je me lance :
Oser dire Non en 15 étapes
Se marier un jour de semaine, quelle drôle d'idée ! Ah, j'ai l'air fine, tiens, au milieu de tous ces cadres en bras de chemise, avec mon bibi ridicule. La vendeuse me l'a conseillé pour accompagner la robe en m'assurant que la couleur pourpre m'allait à râvir. "Vous êtes froid, mat, sombre" a-t-elle ajouté pour assoeir son conseil. Cela m'a fiché un frisson dans le dos, comme si elle décrivait mon état d'esprit, ou pire tout mon être. Cela fait mal famée, peu fréquentable : "sombre" et "froid" même pas brillante, non, mate...ça j'aurais pu m'en douter que je ne brille pas. C'est pour ça qu'il l'a choisi elle comme épouse, et pas moi.
Et qu'est ce que je fous là, moi, dans ce tram en direction d'une mairie où va être célébré le mariage de mon ex ? Pourquoi, lorsqu'il m'a dit "on reste amis", je ne lui ai pas dit "Non, ce n'est pas possible" ? Pourquoi je lui ai dit que c'était chouette qu'il ait trouvé le bonheur ? Pourquoi j'ai dis oui à son invitation ? Pourquoi je suis encore spectatrice du bonheur des autres sans savoir de quoi est fait le mien ? Pourquoi je me suis affublée de cette tenue hors de prix ?
Je me retrouve, comme d'habitude, coincée dans une situation inconfortable parce que je n'ai pas su dire non. Pas su dire non à la vendeuse, non à mon ex. Pour le moment, je dis non aux mauvaises personnes : à cet homme qui m'invite à dîner, à ce client qui négocie une ristourne, à cette étudiante qui fait remplir un questionnaire pour son mémoire de fin d'études, à la voisine pour garder son chat. C'est un début, hein, mais il faut que je les dirige mieux mes Non, je vais devoir me replonger dans mon nouveau livre de chevet : oser dire non en 15 étapes.
La voix robotisée annonce la prochaine station de tram, la dernière avant la mairie. Une vieille dame se prépare à descendre traînant péniblement derrière elle un lourd cabas à roulettes. Quand les portes s'ouvrent, je sens qu'elle a besoin d'aide. Je descends ses courses sur le quai. Les portes se referment. Je suis encore sur le quai. Le tram part. Elle me remercie et me dit: "Vous allez rire mais avec cette tenue j'ai cru que vous alliez à un mariage !" Non, je n'irai pas...