"Le paquet" : le texte !

 Il y a une dizaine de jours j'étais au théatre pour y voir le monologue de Philippe Claudel interprété par par Gérard Jugnot. Pour prolonger ce moment, j'ai illico presto acheté le texte et m'y suis plongée avec plaisir. J'ai eu l'impression de réentendre Monsieur Jugnot, de le voir même par moment. 

Je conseille à ceux qui n'ont pas la chance d'avoir vu cette pièce d'en lire le texte. De philippe Claudel, j'avais lu l'excellent "le rapport de Brodeck" et pensait lire bientôt "Les âmes grises". C'est une plume que j'aime. 

Ici, il met en scène un homme aux vêtements élimés qui tire derrière lui un gros paquet à forme humaine. Cet homme là commence un monologue, tantôt grave, tantôt drôle et franchement délirant, dans lequel il évoque sa vie, nous pousse à nous interroger sur la nôtre et se moque des travers de notre société.

Cet homme se dit trop entouré mais il est pourtant seul avec son paquet. Que contient-il ? Le corps de sa femme ? Ses souvenirs, ses rêves, ses joies ? Les derniers biens qui lui restent ? Toute la laideur du monde ? Cet homme est -il fou ? Mythomane ?

Une fois le livre fermé, est-on même sûr de savoir ce qu'il s'est vraiment passé ? Quelle est la part de réalité dans ce récit qui semble sorti de l'imaginaire d'un homme qui n'a plus que les mots pour séduire, se faire aimer ?

Cela sonne comme un bilan de vie à mi parcours. Qu'ai je fait ? Que suis je devenu ? Ai je fait les bons choix ou bien est ce que je subis ceux des autres ?

C'est comme une pause dans l'existence, une respiration qui permet de réfléchir au sens que l'on donne à sa vie. On ne peut pas vivre sans les autres mais lorsque ce sont eux qui vous rejettent parce que vous ne rentrez pas dans le moule ?

C'est un grand déballage, comme s'il dénouait son paquet et nous donnait à voir son contenu. Il cherche à faire le tri dans ce galimatias pour se retrouver et nous trouver. 

Un extrait qui m'a fait rire : "C'est agréable, les imbéciles. Il n'y a pas de quoi en rire. Ils sont toujours heureux. Ce sont des leçons de bonheur. Ils nous apaisent. En leur compagnie, on n'est pas obligé de penser, ni de réfléchir. Ce sont de grands trous noirs dans lesquels pendant quelques heures, on peut plonger et flotter avec délice. On devrait toujours avoir un imbécile avec soi. Et il devrait être remboursé par la sécurité sociale. Je suis persuadé que si le nombre d'imbéciles au mètre carré était multiplié, ne serait ce que par deux, le taux de suicide et de dépression diminuerait d'autant. L'imbécile donne de l'espoir. C'est sa mission sur terre. C'est d'ailleurs bien pour cela que, dans bien des Etats progressistes et démocrates, nous en élisons un à la tête de l'Etat." pages 46. 

Ecoutez l'interview de Gérard Jugnot ponctué d'extraits théâtraux.

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