"La chatière" de Claude Pujade-Renaud
J'ai eu la chance de rencontrer Mme Claude Pujade-Renaud au salon du livre de Voiron, Livre à vous et, en amoureuse des nouvelles, j'ai craqué pour ce recueil : "quelques histoires de félins et d'humains" comme me l'a écrit l'auteure dans sa dédicace...
Biographie : Danseuse, chorégraphe, professeur, Claude Pujade-Renaud a contribué à la diffusion de la danse moderne américaine en France. Lorsqu'elle se tourne vers l'écriture, elle devient rédactrice en chef de Nouvelles-Nouvelles, revue aujourd'hui disparue. Elle publie son premier roman 'Le Ventriloque' en 1978 aux éditions Des Femmes. Auteur de nouvelles et de romans, ses ouvrages ont été récompensés par de nombreux prix littéraires dont le Goncourt des Lycéens pour 'Belle-mère' en 1994 et le prix de l'Écrit intime pour 'Le Sas de l'absence' en 1998.
4ème de couverture : Avec un sens aigu de l’observation, Claude Pujade-Renaud visite quelques âges de la vie dans des situations où le libre jeu de la pensée et du langage – exprimant l’inconscient, la mémoire, le fantasme, voire la régression – vient troubler le miroir des apparences.
Une dispute insignifiante, un incident, un souvenir, une association d’idées, et voici que vacille l’édifice des certitudes : les amants glissent de la complicité à l’ulcération, les femmes cèdent au vertige, les hommes découvrent leur faiblesse et les vieillards retombent en enfance. Par une chatière inattendue, l’inconscient, la mémoire, voire le refoulé sont entrés en scène, prenant en otages les comportements…
On le sait, Claude Pujade-Renaud écrit dans l’indiscrète connivence de ses lecteurs. Avec un sens aigu de l’observation, elle visite ici quelques âges de la vie, dans des situations où le libre jeu de la pensée et du langage vient troubler le miroir des apparences. Lucides, à peine cruelles parfois, ces nouvelles sont tout entières dédiées à la certitude qu’en vérité les mots nous mènent par le bout du nez. "
Certaines des nouvelles sont remplies de sensualité, mettant en scène des femmes félines qui laissent parler leurs hanches comme un clin d'oeil à la carrière de danseuse de leur auteure, certaines ont des chutes tantôt surprenantes, tantôt touchantes. Quelle lucidité, quel mordant et parfois quelle cruauté ! Taillées au scalpel ces nouvelles laissent parfois songeur...
Coup de coeur pour : Morienval : un homme mène l'enquête : pourquoi ne lui a t-on jamais souhaité son anniversaire ? il se repasse le film de sa vie à l'envers pour comprendre...; Dogue : Dogue c'est le surnom qu'a donné Viviane à la sciatique qui l'oblige à partager une chambre d'hôpital avec une vieille qui ronfle...; Soutenance dans laquelle Henri, membre du jury, dissèque au scalpel le thésard et sa famille...; et Une mort lente : L'écrivain en mal d’éditeurs qui ne soupçonne pas l'envers du décor...
J'ai aimé le choix exact des mots nous faisant percevoir avec précision les couleurs, les sons et les émotions et explorer le labyrinthe de l'esprit, la mécanique des sentiments, la difficulté des relations humaines. Un grain de sable dans le rouage et les certitudes s'effondrent, les masques tombent...Vieillesse, maladie, blessure refoulée, l'auteure visite des situations qui nous désarment et nous révèlent vulnérables...
A relire assurément à tous les âges de la vie...