"La ville insoumise" de Jon Fasman
C'est au moment où il rêve de changer de vie que Jim, abandonné par sa petite amie et criblé de dettes de jeu qu'il peine à rembourser, se voit proposer un poste à Moscou.
Sa mission : recueillir les témoignages d'anciens prisonniers politiques pour la Fondation de la mémoire.
Fils d'immigrés russes, la langue n'est pas un problème pour lui et l'histoire des hommes qu'il va rencontrer fait écho à celle de son grand père qui a fini ses jours interné en hôpital psychiatrique par le régime.
Il quitte donc son emploi dans le restaurant familial et débarque dans une ville qui ne l'accueille pas comme il le pensait. Jim l'ignore mais il va se retrouver mêlé à un complot planétaire.
Mon avis : complètement d'accord avec la quatrième de couverture qui nous promet une déclaration d'amour à une ville chargée d'émotion et d histoire doublée d'une réflexion sur l'identité familiale et le déracinement.
En revanche, je ne peux pas qualifier ce roman de "thriller mené tambour battant" d'abord parce que le rythme n'est pas haletant et je suis passé complètement à côté de l'intrigue, peut être parce que je suis hermétique à toute histoire d'espionnage surtout quand les protagonistes ont plus de consonnes que de voyelles dans leurs noms.
Pas de longueurs mais pas de stress particulier à la lecture, le rythme est plutôt lent.
Ceci dit, ce fut tout de même un très bon (et long, tout de même 382 pages) moment de lecture pour moi en raison du talent d'écriture de l'auteur qui, aimant et respectant profondément la ville de Moscou et ses habitants, nous dépeint admirablement la vie moscovite. Une ville où, lorsque l'on est étranger, tout se paye au prix fort après un premier accueil loin d'être chaleureux. C'est qu'il faut la mériter cette ville et se soumettre à ses codes, son rythme, ses rites pour s'y faire accepter.
"En russie, la porte était toujours verrouillée à double tour"
"Lorsqu'il ouvrit la porte, elles tournèrent la tête et le toisèrent de ce regard franc, calme et appréciateur, spécifique aux Russes."
"L'électroménager russe, Jim l'avait remarqué, adoptait 3 humeurs radicales : éteint, fou furieux, en panne"
J'ai noté de savoureuses descriptions de personnages
"Elle était affligée d'un visage blême aux traits anguleux et à la perfection d'automate sadique, d'yeux globuleux et d'un rictus sardonique que rien ne pouvait tempérer. le genre de masque qui absorbait toute chaleur humaine sans jamais en émettre."
et de belles phrases à relire.
"la nuit qu'ils venaient de passer ensemble, sublime secret, dressait un bouclier entre eux et la morosité qui semblait ronger les passagers" Oui, si le complot ne m'a pas passionné, l'histoire d'amour que Jim vit avec Kaisa m'a accroché.
Un coup de chapeau à la traductrice, Madeleine Nasalik, qui a réussi à faire ressortir le style si agréable et si fouillé de l'auteur.
Un grand merci aux éditions du Seuil et à Suzanne de chez les filles.com pour l'envoi !!!
Mika a aimé mais uncoindeblog ne cache pas sa déception.
Lu dans le cadre du challenge