Prime à la casse : "l'Alfa Roméo" de Annie Cohen
Ce n'est pas si facile de changer de voiture, de laisser l'ancienne pour morte, à la casse. Elle est chargée de souvenirs et d'un pan de notre vie. Comment ne pas être nostalgique lorsque l'on songe aux virées que l'on a pu faire à son bord. C'est en laissant l'Alfa Roméo au garage que sa propriétaire éprouve l'émotion passée des évènements vécus en sa compagnie. C'est ce que Annie Cohen nous livre dans ce petit roman de 101 pages. L'Alfa, sauvée des eaux, n'atterrira finalement pas à la casse. Pourvu que celui qui l'a racheté n'habite pas trop près. On ne veut pas revoir notre ancienne voiture circuler sous nos fenêtres avec d'autres personnes à l'intérieur qui se font leurs souvenirs à eux. On a comme l'impression qu'ils vont finir par effacer les nôtres...
Un souvenir en appelle un autre et l'on file d'anecdotes en anecdotes. C'est un récit qui est tantôt léger, tantôt grave et sérieux, un monologue intérieur. Ce côté décousu, bavardage ininterrompu m'a perturbé et m'a parfois laissé au bord de la route, j'avoue...Rien de trépidant dans cette histoire, j'ai avalé les mots sans toujours les apprécier...
Une perle de douceur pour Clarabel, récit plus que roman dans un style "hors pistes" pour Christine Jeanney qui signe un très bon billet, périple ponctué de questions existentielles pour Enora Bayec, l'avis de victor de Sepausy est mitigé.
Extrait : " Il faut un temps fou pour récupérer des salades familiales et névrotiques, mais ce qui est bien et qui ressemble bougrement au ménage, c'est que ça revient, ça n'en finit jamais, de nouveau la poussière, la javel, L'Ajax ammoniaqué, et les histoires, les trucs et les machins d'héritage, de contentieux non résolus, de rengaines à radoter dans la rue, c'est dire comment ça peut bouffer le ciboulot, polluer certaines sorties à l'air libre...Pour casser le cercle de l'obsession et se mettre à respirer normalement, il faut se lever de bonne heure ! Il est faux de dire que la nuit porte conseil. La variation du matin est à peine différente de celle du soir."